Philippe Baudet : "La Pomme...?" (variante inachevée)-détail
Ph Bdt, jadis...
L'homme "est" la femme...
L’homme est la femme
Or l’homme se tenait dans la plaie ouverte.
- Une onde bleue.
Et l’homme vit sur lui se refermer la plaie.
Toute chaude. Bientôt brûlante.
- Une onde rouge.
Après mille caresses… vient l’acide.
L’affaire est dans le sac. Gustatif et ressac.
Une marée d’herbe et de poussière sur le dos et sur le ventre ôte tout désir de fuir…
Tout désir fuit de l’immobile berceau, qu’une chaîne solide, une ancre solidement plantée au fond de la plaie si douce, si douce et… fallacieuse cependant, “retient”… dans la terre. Cette terre qui le fit homme. Peut-être femme…
- Une onde jaune.
Or l’homme eut chaud avant de brûler.
De se consumer. Il fut bercé.
- Une onde verte.
Il fut nourri avant que de nourrir. Tel un chien il se pourléchait les babines.
On l’entendit aboyer. On le voit se gratter les puces. Et l’on rit. Et l’on rit. Et l’on rit.
Et l’on rigole et l’on est fou. Et l’on rigole et l’on est fou.
Et l’on pleure et l’on nourrit. Et l’on pleure et l’on nourrit. Et l’on pleure et l’on nourrit.
- Une onde noire.
La nappe est mise sous la table, phréatique.
- Une onde blanche.
L’homme se tiendra au fond du puits, dévoré.
Le ! “homme”... rivé qui perd sa tête. Sa tête est où ? Où est sa tête ? Où est sa tête ? Où est sa tête ?
Elle roule, boule, ailleurs. Dévissée il y a bien longtemps par quelque dieu amer, affamé.
Ou par un père qui l’a aimé ? Une mère ?
Un être bercé, oui… Trop près d’un mur ? Un mur ouaté ?
L’homme est femme, on l’a dit ; qui sait ?
Elle a des robes, des falbalas. Peut-être nue. Rose est sa peau. Ou blanche. Ou noire…
- Onde violette.
Elle se pourlèche les babines. Où est sa tête ?
- Une onde grise.
De la bave à son museau goutte et s’écoule.
- Une onde mauve.
Floc, floc.
Or donc… La… “ femme”( ?)… Se tenait dans la plaie ouverte ?
Oui !
Elle s’y tenait au chaud avec dans ses mains, au creux de ses mains, un cœur palpitant. Tic, tac…
Un peu “là-bas” déjà, elle entendit du bruit. Elle entendit craquer du bois sec. Crisser du gravier.
Depuis la forêt ? Sous des pas ? Un sanglier ou quoi ? Peut-être un chevreuil ?
Une ombre fauve…
Mais… Là, à coup sûr !, dans la plaine, c’est le vent !, qu’elle vient d’entendre rugir. Le vent ! Brusquement. Qui s’était levé dans le soir approchant. Ho, hé, ho, hisse !!!
Une ombre brune…
Il s’était mis à ronfler, le vent ; à enfler. Pantagruélique paon.
Sur le flanc de la montagne tout bruit ricochait, même le plus petit des bruits. Il claquait, claquait en écho…o…o…o…o…o…o…o…o…o…o…o…o…o...o ! o ! os !
Redoublait. Triplait…
Une ombre fauve…
Elle entendit, elle, la… “ femme”, donc, un chien au loin - encore plus loin, oh là là !, encore plus, bien plus ! – japper. Comme dans un film de Tarkovski…. C’était un doux bruit. Réconfortant. Chaleureux. Qui lui rappelait des souvenirs… souvenirs… Quoique vagues… Morcelés… Éparpillés… Voire incertains…
Ça lui revenait, ce qui lui revenait… Par fragrances en quelque sorte. Comme des ondes… Des couleurs diffuses. Diluées. Odoriférantes. Ou des esquisses de souvenances… transportées depuis où ? Où ça ? Çà ! Particules très floues… Des sensations de souvenances vaporeuses plutôt que des vrais souvenirs bien costauds en forme de cubes compacts. En fait…
Bref… Et le ramage dans les feuillages aussi elle l’entendit : babil ou cuicui. Ainsi que le ramage des feuilles elles-mêmes, frottées (par un doigt d’air ?) telles des cordes d’instruments à cordes.
Oui.
Mais… Derrière les buissons il y avait qui ? Qui faisait silence absolu ?... Et qu’elle n’entendit pas !…
Une ombre noire…
Soudain le vent lui releva les jupes. Comme à Marylin Monroe…
Soudain le vent la troussa. Comme Marylin Monroe…
L’on vit ses cuisses. Comme celles de Marylin Monroe…
Et ses dessous - à elle ! -, on vit. Pas comme pour Marylin Monroe !…
Enfin… Un entre-temps étant passé par là… L’on vit son sexe ensuite ; c’est tout…
Une ombre rousse…
Et puis… Et puis… Soudain le vent lui souleva les cheveux. Dégagea son visage. Son front…
Elle se retourna, face caméra, et nous regarda au fond des yeux. Tout au fond. Bien au fond. Longuement. Fixement.
C’est alors que le soleil disparut à l’horizon.
Au loin hululait un oiseau de nuit : on était déjà entre chien et loup. À la brune.
La brune bruissant d’ombres et de sons perlés…
Et blonde, la the ! pseudo… comme qui dirait… (quasiment…) “Marylin”… s’en alla…
(« Coupez ! »)
(Philippe Baudet, novembre 2008)