à la brasserie gutenberg

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À LA BRASSERIE GUTENBERG

(Poème de jeunesse)

 

I

 

Le silence qui se tait

Éphémère colère des pieds

Au seuil de la porte

Un homme est entré

Il triture son nez

Rond

Et dessine un sourire sur sa mine

Grasse

Son bras sur le comptoir

Glisse

Il boit – déjà ivre…

Le verre luit, rose, et garde le parfum du vin

Sur le zinc s’imprime une auréole

viii-oliiine

Puis sous le torchon

S'efface

 

II

 

Le chat blanc, en boule, se roule et miaule

Sur le meuble jaune

Ciré

Un doux murmure chuchote à son oreille

Qu’il est l’heure de la viande rouge,

Du festin qui suspendra sa faim…

Humble, il hume et s’étire

 

III

 

Dehors, vrombit la houle de la foule

Qui hurle

Se heurte la cohorte

Et tonne

Une femme cabre son corps à l’enchère

Des mâles en mal d’amour

Le soleil frappe son dos en vagues lentes

Et hante son pas

Monotone...

Baiser léger de la brise sur la joue tiède d’une fille molle

Le cheveu vole

 

 

Philippe Baudet, 1976