AU GRENIER Y’A DU MONDE…
Mars n’a plus d’yeux pour pleurer – plus assez !
Mars s’est enferré dans la flotte.
Avril quant à lui s’est chargé de poussières, des poussières inédites… dans la verdeur du lierre.
Mai a frôlé le ponton : il a failli CAPOTER.
…UN 30 MAI !
Juin pour sa part a fui au large – au Grand Large -, toutes voiles dehors.
Juillet l’a vu revenir, un mât défait,
De foc sus, s’arrachant à la vague,
Et crachant des oursins…
En quelques “em-brassées”,
Ou quelques “em-poignées”! ;
Croyant cracher du foin
Par ses lames tranché, fraîchement ;
Mais drôlement salé !
Et juillet s’est détourné,
Pour “gerber” dans les champs de blé.
Août, tel Verlaine, fut seule à seule avec « ELLE » et ses racines, ses branchages, ses… 'dendros-trucs !
Août, a battu la campagne en grandes enjambées ; a fauché dans les cieux des tonnes d’herbe bleue.
Août, a bu. Et, euphorique, s’est mis à plancher sur les Grands-Travaux.
Septembre fut beau,
bien plus beau qu’un linceul,
bien plus beau qu’un sapin.
Octobre étant le mois qui précède celui des Morts, ces « Cendres », il devint le mois de l’Incendie.
Octobre a mouillé sa chemise pour me lécher de flammes, de grandes flammes, belles, hautes, au trente-sixième… Dessus !
Octobre vint comme un coup de vent en de vertes vallées.
Octobre et rousseurs : ô ces nattes épaisses qui font aux arbres comme un brasier de feuilles prêtes à s’envoler…
…en novembre.
Et puis nous retournerions prendre nos quartiers d’hiver sous la constellation zodiacale de l’hémisphère boréale. À l’hôpital Léon-Bérard pour être précis –spécialiste du crabe en tout genre. Pour nous faire cramer bien profond la pilule. À coups d’ions bien sentis sur et dans le crâne.
Le sable gifle les jours et efface à mesure que le vent s’en joue ses traces sur la trame du désert comme une mer étale, comme une plage.
Ô NARCISSE…
Dans le miroir de l’eau j’ai vu ma face flotter comme un bateau puis partir au loin en tanguant avec mollesse.
À mon réveil, étais-je Narcisse mort ?
Chuuut…
Il ne faut pas taper, ta tête est toute neuve.
Elle cogne à des murs blanchis de l’intérieur.
Et elle vibre encor, tocsin des profondeurs.
Elle est le puits béant, qui… la mémoire abreuve.
Elle est le « Christ-landau », le « Bon Dieu rémouleur »
De milliards de charrues qui sillonnent ton cœur.
Il ne faut pas taper Mec !, ta tête nouvelle.
Embrasse-la plutôt !, cette fière pucelle.
C’est la félicité - le vivant réacteur !
La bombe transformée en cheval à vapeur !
Sous elle tu cabres, tu tortilles ton âme.
On dirait dans la nuit un feu follet violeur
Qui viole « les chéries » dans un baiser de flammes
Et qui s’essuie trempé « sur le corps de la femme ».
Il ne faut pas taper, il ne faut pas taper. Eh ! Ta tête est toute neuve. Toute, toute…
Mais… Elle signe, « de tête » - comme : « geste » ! Elle est l’abaque qui se rassemble, boule à boule, pour renaître et… compter ! Ses enfants sont des singes encore ; qui « réapprennent » ce que chacun, parmi les hommes, sait. Réapprennent… « à voir » !
Réapprennent à voir. Voir. Voir. Voir…
DANS LA CHAMBRE IL Y A : les parfums de la nuit,
Des godasses qui traîn(e)nt, des bouquins qui s’ennuient,
Un fauteuil, une chais(e), le lit défait d’un aigle,
Un papier bleu dans l’ombre et un slip dans un angle.
Résumons : « TÊTE DE VEAU »
I
Carrément la bestiole !
On m’a coupé la tôle
Et taillé dans l’cerveau
Comm’ d’la tête de veau ! :
Pour parler « net » Petit,
Frankenstein m’a souri,
Le hachoir dans un(e) main
Et dans l’autre… Un Destin.
II
L’ciboulot a bobo :
Des cisaill(e)s sont passées
Sur la coqu(e), dans la cale…
L’ciboulot est au lit
« Avec moi », dans l’azur :
Le ciel bleu c’est joli...
On a vu des étoiles ;
Et puis « trent(e)-six chandelles » !
III
Le yo-yo d’la caboche
A cogné bien trop fort ;
Il m’a étendu raide !...
Ho ! Docteur Frankenstein !
M’as-tu pris pour mort ?... :
Tu m’as fait des coutures
Jusqu’au-dedans du crâne !
Post-scriptum
Au grenier y-a du monde…
Ça grimac(e) tel un diable,
Ça grouille et ça rugit !
La « mauvaise herbe » pousse…
Un peu trop loin l’bouchon !
Faut sulfater tout ça :
À coups d’chimio mon gars !
À coups d’geysers d’rayons !
À… coupsd’geysersd’z’dd’R’iiiiiiiiiiiiiiiiiiooooonnnnns !!!
…SUR LA GLACE ; où es-tu, Narcisse ?
E. e. e. e... J’R. Rrr’ggarde…
É… j’vôââââ...
Dans le Miroir...
L’Eau Plate, filer entre mes doigts…
Comme des images… Au Fil De L’Eau !
Ééééé… eu… J’scrute…
EEEEeeeeL’L’L’L’l’l’l’l’… L’FOND E… La GLACE : j’y vois MA FACE…
E… E… J’l’embrasse… ; é… E… j’l’EMBRUME, de la VAPEUR DE MES POUMONS… : un HALO tiède, qui r’couvre LA CHOSE…
…étrange et froide, et réflexive…
eeede… DU… MIROIR
Puis j’dessine
AVEC Mé dOâ…
Sur l’image floue
Qui TANGUE et se déplace ; QUI…
TANGUE…
E… Y-A D’LA VIE
E… SUR LA… GLACE !
Philippe Baudet