AU PAYS DES FANTÔMES (+ CLAIR DE LUNE - CUBE 2 : Philippe Baudet, 2018)

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Il fut un temps où la terre de sa peau frémissait d’un beau tapis roux ; le vin y coulait brun…

 

 

 

AU PAYS DES FANTÔMES

 

 

 

Il fauche la poussière en rasant les tapis

Il fait pousser des ombres bleues comme l’enfer

À vouloir tout plisser il la fera sauter

La jupe trop serrée de la planète Terre !

Dans un hôtel il loge, un hôtel tout en boîte

En forme de cercueil c’est une boîte en bois

Dont le squelette en fer serait l’hôtellerie…

Lui pantin qui vacille, il emboîte le pas

Au temps qui se prélasse inexorablement :

Les ombres sont perdues au pays des fantômes !

Quelque bête aux abois parfois vient l’enlacer

Pour tenter de ferrer son rythme régulier ;

Pour lui faire oublier le futur le passé

Quelque amante besogne à jouir jour et nuit

Mais ça cogne en l’horloge où gît l’instant qui court ;

Un pendule se déplace à chaque seconde,

Oscille dans son nid, et berce son pendu ;

Et comme ce pendu suspendu à sa verge

Dressée, se déprend de sa potence de chair,

Il vient choir dans son sperme au sein de l’herbe ouverte :

Le pré avait eu sa part de verte froidure

Tandis que sifflait le vent

Déjà souillé…

ALORS LA TERRE GRASSE, GROSSE DE SES VERS

FERA UNE PROIE DOCILE

À DÉVORER !

 

*

 

Écartelée ou bue flairée ou bien brisée

Tassée ou bien creusée jusqu’à l’huile irisée

 

 

 

 

 

Philippe Baudet, 1997