Il fut un temps où la terre de sa peau frémissait d’un beau tapis roux ; le vin y coulait brun…
AU PAYS DES FANTÔMES
Il fauche la poussière en rasant les tapis
Il fait pousser des ombres bleues comme l’enfer
À vouloir tout plisser il la fera sauter
La jupe trop serrée de la planète Terre !
Dans un hôtel il loge, un hôtel tout en boîte
En forme de cercueil c’est une boîte en bois
Dont le squelette en fer serait l’hôtellerie…
Lui pantin qui vacille, il emboîte le pas
Au temps qui se prélasse inexorablement :
Les ombres sont perdues au pays des fantômes !
Quelque bête aux abois parfois vient l’enlacer
Pour tenter de ferrer son rythme régulier ;
Pour lui faire oublier le futur le passé
Quelque amante besogne à jouir jour et nuit
Mais ça cogne en l’horloge où gît l’instant qui court ;
Un pendule se déplace à chaque seconde,
Oscille dans son nid, et berce son pendu ;
Et comme ce pendu suspendu à sa verge
Dressée, se déprend de sa potence de chair,
Il vient choir dans son sperme au sein de l’herbe ouverte :
Le pré avait eu sa part de verte froidure
Tandis que sifflait le vent
Déjà souillé…
ALORS LA TERRE GRASSE, GROSSE DE SES VERS
FERA UNE PROIE DOCILE
À DÉVORER !
*
Écartelée ou bue flairée ou bien brisée
Tassée ou bien creusée jusqu’à l’huile irisée
Philippe Baudet, 1997