C'EST GLACIER (brouillon : a cappella d'origine - 2012 -, intégralement enregistré sur mon petit dictaphone de poche Olympus)
Je rappelle que le poème est de la prose. Je m'étonne donc que cela ne soit pas davantage de la bouillie sonore, puisque d'évidence j'avais réalisé du "re-recording" sur ce fidèle (mais peu performant) petit outil.
(On y entend, je le reconnais parmi maints bruitages, mon coquillage-flûte...)
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Le vent dans la plaine
Défrise
Tous ceux qui regardent
Le mouton de laine
Qu’épuisent
L’hiver et sa garde
C’EST GLACIER
Dans le cadre s’expose du verre… Traversant le cadre, s’explose… Bris de fenêtre, longue, longue… Longue qui glisse, langue-masse… Qui se masse, encastrée, et fait face au soleil ; lui vole sa chaleur, lui rompt ses rayons, en beau miroir cabossé, granuleux écorné qui ondoie tout moiré de reflets, qui envoie des signaux en ouvrant son chemin : des clins d’œil de rapace… aux rapaces, ou à rien… et nuées, et ventre bleu là-haut.
Pas de haut, pas de bas, pas de tête, pas de pieds… Que des bras : des gros et des gras, des minces aussi, des maigrelets même. Tarentules-tentacules…
Mais aussi tubercules… Racines… Et rosaces… Nénuphars… Gyrophares !
Dans le vaste orifice de l’énorme montagne
Où la vasque-nature épouse la coulée
En son lit tout défait bordé de rochers mauves
Et de sapins béats ployant sous la verdure
Forte, et sombre, et tenace… et frémissant au vent,
Écartelée.
Sur la mousse des murs et les tapis du sol
Jonché de l’herbe rase et des baies des hauteurs
Et puis de fleurs aussi, et crottes de chamois
Incrustées dans la gangue où des éclats de feu,
Bijoux et seuls témoins des orages anciens,
Sont là gravés.
C’est noueux. C’est calleux. Et c’est ours… Cela grogne. Cela mord. Cela viande. C’est mouvant. Émouvant. C’est géant. Gyrophare.
Ses bras, ses tentacules, ses muscles d’Hercule… poussent, épousent, s’appuient… à la pierre. La bousculent… voire la brisent. C’est étau. C’est étang. C’est puissant. Cela pose. Et repose. Se dresse. Ou se couche… S’endort quartz. Et renaît mâle/femelle… poil gris-brun, rouge-orange, ou verdâtre…
Ça bourgeonne. Ça tétonne. Et moutonne. Et puis ça provigne…
C’est de crocs, c’est de griffes ; c’est de gifles et de sang. Écarlate.
C’est des yeux… dans l’abîme. Dans l’abîme cela grogne. C’est une râpe mahousse et c’est ours : C’EST GLACIER.
(Philippe Baudet, mai 2000)