C'EST GLACIER - OUVERTURE 2 J (CUBE 3) : Philippe Baudet, 2019

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C'EST GLACIER - OUVERTURE 2 J (CUBE 3)

2019

*Le vent dans la plaine

Défrise

Tous ceux qui regardent

Le mouton de laine

Qu’épuisent

L’hiver et sa garde

 

C’EST GLACIER

Dans le cadre s’expose du verre… Traversant le cadre, s’explose… Bris de fenêtre, longue, longue… Longue qui glisse, langue-masse… Qui se masse, encastrée, et fait face au soleil ; lui vole sa chaleur, lui rompt ses rayons, en beau miroir cabossé, granuleux écorné qui ondoie tout moiré de reflets, qui envoie des signaux en ouvrant son chemin : des clins d’œil de rapace… aux rapaces, ou à rien… et nuées, et ventre bleu là-haut.

Pas de haut, pas de bas, pas de tête, pas de pieds… Que des bras : des gros et des gras, des minces aussi, des maigrelets même. Tarentules-tentacules…

Mais aussi tubercules… Racines… Et rosaces… Nénuphars… Gyrophares !

Dans le vaste orifice de l’énorme montagne

Où la vasque-nature épouse la coulée

En son lit tout défait bordé de rochers mauves

Et de sapins béats ployant sous la verdure

Forte, et sombre, et tenace… et frémissant au vent,

Écartelée.

Sur la mousse des murs et les tapis du sol

Jonché de l’herbe rase et des baies des hauteurs

Et puis de fleurs aussi, et crottes de chamois

Incrustées dans la gangue où des éclats de feu,

Bijoux et seuls témoins des orages anciens,

Sont là gravés.

C’est noueux. C’est calleux. Et c’est ours… Cela grogne. Cela mord. Cela viande. C’est mouvant. Émouvant. C’est géant. Gyrophare.

Ses bras, ses tentacules, ses muscles d’Hercule… poussent, épousent, s’appuient… à la pierre. La bousculent… voire la brisent. C’est étau. C’est étang. C’est puissant. Cela pose. Et repose. Se dresse. Ou se couche… S’endort quartz. Et renaît mâle/femelle… poil gris-brun, rouge-orange, ou verdâtre…

Ça bourgeonne. Ça tétonne. Et moutonne. Et puis ça provigne…

C’est de crocs, c’est de griffes ; c’est de gifles et de sang. Écarlate.

C’est des yeux… dans l’abîme. Dans l’abîme cela grogne. C’est une râpe mahousse et c’est ours : C’EST GLACIER.

 

 

 

(Philippe Baudet, mai 2000)

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