C’est le Vent… (+ CLY CUNE 2 : Philippe Baudet, 2018 + 2019)

Posté

C’est le Vent… I

 

C’est l’essaim qui poudroie en neige… en plein été

Avec l’accordéon ;

Un blanc sein qui se signe et teinte de salive

La lumière-néon

Du bel arbr(e) qui vacille dans le pré, tété

Comme la Madelon ;

Tant, qu’en ruisseau de lait il redresse sa rive…

Pour couler tout du long !

 

Dans la main cela sent si bon que l’on se pique

Au jeu… Et l’on caresse

Ces insectes-si-doux qui prennent forme exquise

En dessinant des esses :

C’est le sein qui ondoie, qui sous la paume épique

Flattant la courbe épaisse,

Paraphe d’un blanc-seing le Vent « dans l’cou », la bise ;

Léchant aussi les fesses !

 

 

C’est le Vent… II

 

C’est l’Attila-furieux qui va foulant les lis ;

Qui fait plier le chêne et brise les roseaux

À la base ; les taille… au son des Flûte(s)-Oiseaux !

C’est aussi le typhon qui s’envoie tous les plis…

 

De la mère des mères : la Mer !

 

C’est le Vent qui rougit, penché sur le coteau ;

Qui sous le cep ployé frôle le ventre-terre ;

Qui de ses doigts noueux lui caresse la peau…

Lui qui, libr(e), livre Bacchus aux dents des Enfers ;

 

Où seront traqués… vins et festins !

 

 

 APOSTROPHE

(C’est le Vent... III)

 

Le Vent se découvre en levant vos chapeaux ;

Vous le voyez rugir, ou mugir… c’est selon ;

Il vous flagelle, le Vent, il vous soupèse…

 

« Souffle, Vent, jusqu’au fond des abîmes ; rougeoie et ronge. Et range les bonshommes. Charge, Taureau, comme dans l’arène. Boursouffle ton corps dans les drapeaux : qu’ils giflent et giclent sur les mers ; ou bien sur les places, à flanc d’Hôtels de ville et autres Palais officiels…

 

Souffle, Vent, et serine ton chant à l’oreille de tous et des sirènes. Éructe, mon vieux, vomis, ou mieux : tourne le dos à ces moulins qui t’attendaient pour broyer – salauds !

 

Plane avec l’oiseau, comme un oiseau, dans la dentelle – juste un baiser ; et dans les blés.

Plisse de l’eau la peau, à peine, qui frissonne… Un friselis…

Car il te faut parfois, Vent, camoufler ta colère ; mettre ton loup, ce masque d’agneau au visage si doux…

Alors, dans ces moments-là, Vent, coule ton air dans la musique ; dans ces roseaux où les trous sont des notes : étourdis-nous ; mens-nous ; caresse-nous… »

 

 

 

 

(Philippe Baudet, 1994-1999)