CLAMEUR DE LA VILLE… (+ PAGE MELANCOLIQUE - CUBE 2 : Philippe Baudet, 2018-2022)

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CLAMEUR DE LA VILLE…

 

 

Venez ! Venez !

Venez ! Yeux !

Venez ! Cieux ! (Oublieux ?)

Je suis la ville,

Que peintres habillent,                            

Poètes déshabillent…

« Des peintres m’habillent,

Des poètes me déshabillent… »

Venez les oreilles !

J’ai la raie au milieu

Et bientôt

Je l’aurai tapissée de Raynaud,

Carrelée jusqu’en haut

Des cieux – hi, hi, hi !

Venez Cieux !

Venez yeux,

Je suis

La ville…

 

J’aurai bientôt ma salle de bains des yeux…

Dans les journaux j’ai des idées

J’ai décidé d’être en dur !

 

Mes murs font table rase !

Moulés comme des cubes…

 

MAIS JE SUIS LASSE

Je ne veux plus être citée…

Ma lassitude

Perdure – encore que ma pierre ne soit plus en friche !

Elle s’ordonne dans le plus grand appareil :

Mes bossages s’arasent ! Fini le grand chanfrein !

Je vis à angle droit

Colonne(s) vertébrale(s) moulée(s) au-dedans de tube(s)

 

Et le vent qui tourne je m’en fiche !

Valétudinaire ou morbifique, épithètes

Négatives je vous chasse !

 

 

 

CHANSON DU GNOME (à dame Ville)

 

 

Quand tu verras un vac’ à terre                 Brise, sur son erre… Sur tes brisées…

                                                          – Erre ! Erre !

(Tu vois c’qu’j’veux dire ?)                             

Tu pourras clamer tes paters                  Tes prières… Rouges au jour de l’ire !

Au frais des verdures                                     Dures ! Dures !

                                                                    Au fronton des devantures…

Finies les ordures !

On les sortira des poternes                         Elles passeront les poternes. Ternes…

Nul ne pourra dire :                                        Rire… Rire…

« Je viens de voir un vacataire ! »                       Ce serait mentir…

 

S’enluminera                                        Rats ! Rats ! Râblés.

La culture…                                                                Blé, blé, blé dans nos aires…

La culture ? « C’est bien notable !                Bah !

J’ai vu des noms fair’ rase table ! »                           Rire-rire-rire…

C’est ce qu’on dira                                         Ce que l’on dira ?

                                                                        « Enfants, à table ! »

« Qui que c’est qu’c’mec-là ?!                        Na ! Nier l’air ? Niez l’air !

Qui voudrait fair’ bouffer à table                    

Sa tour d’ivoir’ dans les cartables                   

-       Et dans l’anonymat ! »                             

Nous les fonctionnaires                                   Et puis on pourra

De la cité de l’Art, cités                              Sortir son drapeau. L’mettre en berne,

Dans nos annuair’s, comptés !                        D’un geste paterne…

Nous disons Non ! aux gens bouche bée                Ce que l’on dira ?

                                                                     « La Culture, c’est bien notable,

Quand vous verrez un vac’ à terre                   Des noms qui brillent sur rase table !

(Vous voyez c’que j’veux dire ?)                          Nomenklatura !

                                                                    Nous les fonctionnaires de l’Art, cités !

Vous pourrez faire venir                                         Dans nos annuaires – computés ! »

Le pasteur

Aux frais d’la culture, fouillant la glanure, à l’ombre des ordures ! 

                                                                            « Dans nos serres ! »

Et d’un discours clore l’affaire…

À l’ombre des ordures

Le nez dans la glanure

Dans le miasme, voire ?!

Quand vous verrez le vac’ devenir ver de terre

Allez à la pêche

Qui sait : peut-être de l’or en barre ?!

 


Anonyme 91 (le vendredi 13 décembre)

 

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N.B. Bien entendu (si je puis "dire", hi, hi), il faudrait deux voix distinctes ici (une pour la ligne noire, l'autre pour la ligne rouge), pour faire entendre ce texte comme souhaité dans mon intention. (Comme en musique avec le contrepoint.) Ce qui donnerait, pour le coup, une forme "de texte à canon"... Hum ?


J'ai assez souvent employé ce système de voix contrapuntiques dans mes textes à certaines époques. En pensant à l'aspect "matière" évidemment, "tissu vocal". Matière sonore. Comme à l'église. Mais, à lire simplement dans sa tête c'est un peu compliqué, bien sûr...