DU SABLE… (+ DU SABLE 9 - 2012 + 2019 (étude))

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DU SABLE…

 

C’est en été qu’on vint

chasser la pierre.

Friable.

Et puis

du sable…

 

Caravelle. Et la mer la prendra.

Et nouvelle tempête,

mordra ses flancs de bois.

Et l’enlacera belle,

effrangée dans sa toile,

d’un blanc qui tonne,

de voile déployée…

 

C’est en été qu’on vint

chasser la pierre.

Friable.

Et puis

du sable…

 

Multitude qui déplace des courants d’air,

des forêts s’arrachent…

 

Et c’est l’insurrection. Ou du bois à sculpter pour toute l’année pour chaque humain. Beauté ? Il n’y a pas de beauté objective,

non.

 

On dit le style c’est l’homme, ça ne veut rien dire. Le style n’est pas le style mais ce que j’en fais. Au gré de mes rencontres. Heureuses ou malheureuses.

 

C’est en été qu’on vint

chasser la pierre.

Friable.

Et puis

du sable…

 

Vous pouvez me fouiller. Que trouverez-vous ?

Un trousseau de clefs ?

Vous pouvez me pousser. Qu’y gagnerez-vous ?

Je vous donne mon faux nez.

 

C’est en été qu’on vint

chasser la pierre.

Friable.

Et puis

du sable…

 

Moi, je traîne mes casseroles. J’ai ma dinanderie personnelle, patinée ou trop étincelante, ça dépend des facteurs obligeants ou désobligeants.

 

Et mon corps se soulève.

 

C’est en été qu’on vint

chasser la pierre.

Friable.

Et puis

du sable…

 

Quand mon corps se soulève c’est comme une montagne… de sable qui s’écroule. Montagne un instant. Et c’est l’instant qui compte : la photo choc. Clic-clac. Et puis détale. Une avalanche. De sable…

 

C’est en été qu’on vint

chasser la pierre.

Friable.

Et puis

du sable…

 

Mon sable s’étale avec la fin du jour. Mouillé de sel.

 

C’est en été qu’on vint

chasser la pierre.

Friable.

Et puis

du sable…

 

Caravelle. Qui sombre…

Et la mer l’engouffre ! Avec ses gens…

 

Des yeux qui regardent les eaux se gonfler de la chair qui nage, des yeux qui s’ouvrent… coquillages !, les pieds au fer dans un zoo. De mer. Les fers aux pieds… dans un zoo. De mer.

 

C’est en été qu’on vint chasser la pierre. Friable. Et puis du sable…

 

 

(Philippe Baudet, janvier 2009)


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Petite notice.

Cette étude audio prend sa source en 2012. C'est (très nettement) une autre des études de 2012 que je préfère. La plus expressive, la plus hypnotique. Je la mettrais bien ici, oui mais... Mais voilà : cette dernière a été réalisée entièrement sur mon petit dictaphone de poche. Hélas, dans de telles conditions le rendu sonore laisse évidemment à désirer (surtout que j'avais fait, avec ce moyen des plus rudimentaires, plusieurs couches audio superposées). Alors, pour un relatif confort d'écoute j'ai opté finalement pour cette version-ci, dont la partie vocale est de 2012, certes comme ma préférée, mais dont l'accompagnement musical est quant à lui de 2019 - et je disposais alors d'outils bien supérieurs à ce que j'avais en 2012...