Il n'est rien de si beau (Caliste) : Philippe Baudet, 2012 (étude a cappella sur petit dictaphone)

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François de Malherbe, vous connaissez ? (Poète, né en 1555 et mort en 1628.)

 

 

Je me suis beaucoup intéressé à lui à certaines époques. Pour l'étudier d'abord. Puis j'ai écrit sur lui. Avec respect. Ou, avec une légère ironie, d'autres fois...

 

Enfin j'ai mis des poèmes de lui en musique.

 

Il me fatigue d'avance de remettre ce que j'ai écrit sur lui ici. (Une autre fois peut-être ?)

 

Le premier sonnet de lui que j'ai mis en musique (sur l’un ou l’autre de mes premiers cahiers de musique) fait qu'il est l'un des premiers poètes que j'ai chantés – pour moi-même & pour mes familiers. Avant lui, et sans aucun rapport de style ou d'époque, il y eut René Char (1907-1988). "Toute vie" pour Char, et un "Caliste" déjà pour Malherbe (dont nombre de poèmes portent ce titre-là : "Caliste"). Ces deux chants chantent encore dans ma tête. Mais je ne les ai jamais enregistrés je crois, en tant que tels je veux dire, chantés avec ma voix. (Je peux me tromper, ou j'ai oublié, ma foi ?) Ils font pourtant partie de mes préférés (en tant que "Mis en mélodie"). Je veux dire que je crois avoir trouvé pour ces textes les mélodies ad hoc. Simples. "Évidentes"... à mes yeux, à mes oreilles. Comme coulant de source. C'était pourtant il y a très longtemps. En 1989 pour René Char, en 1990 pour Malherbe.

 

Un sonnet sur et pour Caliste déjà. (« Un ! Garçon ! Un ! - Voilà, voilà, j’arrive monsieur. Donc, vous prendrez ? Une eau gazeuse ? – Non, un ou deux Caliste, de Malherbe ? Vous avez ça ? – Euh… Je vais demander au sommelier, monsieur. »)

 

Puis j'ai mis en mélodie quelques autres poèmes de lui, dont Anne. Anne, que j'ai retravaillé, et enregistré en 2019.

 

Mais récemment j'ai mis la main sur une autre étude vocale (esquisse a cappella sur petit dictaphone), ce pour un autre Caliste. Caliste (II).

(Je vous ai dit plus haut que Malherbe a écrit maints poèmes pour et sur Caliste. Composés en l'honneur de la vicomtesse d'Auchy, avec qui il a eu une liaison malheureuse.)

 

Bref. Je suis tenté de vous la soumettre, cette étude - malgré le fait qu’elle ne soit jamais qu’une « recherche vocale ». Et… Bien que je lui préfère le tout premier Caliste que j'ai "mélodié". Mais dont je n'ai nul enregistrement à vous soumettre, en tant que chant. Pas plus (à moins d'éventuelles retrouvailles en quelque endroit de ma Caverne d'Ali Baba) qu'en ce qui concerne Toute vie, de René Char. (C'était une époque où, détestant alors ma voix, il ne m'était jamais venu à l'esprit de m'enregistrer.)

 

N.B. Je dis, en tant que chants, parce que j'ai copieusement utilisé les motifs et thèmes musicaux issus de ces deux chants-là (Caliste (I) & Toute vie) dans mes compositions ultérieures sur partition.

 

Bien à vous,

Philippe Baudet

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Il n'est rien de si beau ...

 

Il n'est rien de si beau comme Caliste est belle :

C'est une œuvre où Nature a fait tous ses efforts :

Et notre âge est ingrat qui voit tant de trésors,

S'il n'élève à sa gloire une marque éternelle.

La clarté de son teint n'est pas chose mortelle :

Le baume est dans sa bouche, et les roses dehors :

Sa parole et sa voix ressuscitent les morts,

Et l'art n'égale point sa douceur naturelle.

La blancheur de sa gorge éblouit les regards :

Amour est en ses yeux, il y trempe ses dards,

Et la fait reconnaître un miracle visible.

En ce nombre infini de grâces, et d'appas,

Qu'en dis-tu ma raison ? crois-tu qu'il soit possible

D'avoir du jugement, et ne l'adorer pas ?

 

 

François de Malherbe (1555-1628)