Irénée (Le Corps-Église) est d'abord l'un de mes poèmes préférés. Il date de 1989-1990.
C'est ensuite l'un des nombreux textes que j'ai mis en musique en 2012 - il faut voir dans quelles conditions ! Matos : petit dictaphone de poche, vieux piano-branlo, voix. Divers...
Je n'ai jamais osé vous le proposer car le son est médiocre. Le son, oui. Mais pas la qualité d'écriture ni de composition. J'espère que quelques-uns parmi vous pourront/sauront passer outre les défauts sonores (inévitables avec de si piètres moyens). Depuis, bien sûr mon matos s'est amélioré. Je pourrais peut-être essayer, comme je l'ai fait avec d'autres ébauches audios de 2012, de le refaire au propre. Mais... Pff... Vous n'avez pas idée du boulot que cela représente.
Alors ma foi. En attendant... Je tente ici de vous embarquer dans ce voyage poétique et vocal... Tel qu'en 2012.
Philippe Baudet, le 15 janvier 2023
(Nota bene : ici, il s'agit, toujours de 2012, de la seconde étude au vieux-piano-branlo-de-Pinet seul (sans la voix) pour ledit poème.)
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IRÉNÉE
(Le Corps-Église)
Un jour mon corps tendre et menu
Fut griffé par quelque panthère
Des lourds lions fut le menu
Fontain(e) de sang fleur de viscères
Moi sacrifié ecclésiastique
Nue chair que des bêtes mastiquent
Mon cœur mes dents tout riait noir
Quand vint mon heur(e) quand vint mon soir
Saint je suis né sur le sable des clowns
Dans la bise féline
Jadis
Sans cesse mon ombre tremble de trouille
Depuis toujours s’incline
Seigneur
Je vous salue Christ icône fatale
Pour vous
Je dors sans sommeil désormais vestale
En somme
Telle une église au fond d’un puits
Église qu’aujourd’hui je suis
Dans la ville à la tête fauve
Où des prêtres lorgnent le mauve
Des évêques couverts de moire
Tout ruisselants d’or et d’ivoire
Quelque part à Lyon
En transit de lions…
À moi les fleuves gelés, l’hiver
À moi le sang le feu et le fer
Les âmes triste(s) au grand complet
Et leurs misères
Et l’homme replet en complet
Que l’on enterre
À eux les processions
Et le baiser divin
À eux l’hostie le vin
Sous couvert de PASSION
À eux les indulgen-
Ces les embrasements
À moi les Peurs des gens
Et à moi les Tourments
Chaque dimanche
Sur mon parvis
Je fais la manche
À Dieu – ravi…
J’ai chez moi là dans mes entrailles
Des crucifiés
Mille barbus Sosies qu’empaille
Le Ciel défié
Lors l’âme en peine
Mes gens se traînent
Dehors
Ils se souviennent :
La mort d’arène
MA MORT
(Philippe Baudet)