JE SUIS LA VIE (étude vocale de 2012 sur petit dictaphone) CUBE 1 :Philippe Baudet, 2012 + 2019 (sur un poème d'Apollinaire) - étude audio

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Il m'est arrivé assez souvent de tordre, distordre mes propres textes afin de les interpréter vocalement. Ce, non par simple caprice, mais parce que j'en sentais le besoin pour des raisons expressives.

Mais quant aux textes des autres (et quels "autres" !), je me devais de respecter jusqu'à la prosodie.

"Je suis la Vie" d'Apollinaire, dont j'ai fait maintes études vocales (soulignées assez souvent par le vieux piano-branlo) ce dès "mes débuts dans l'audio" [sic] en 2012, quand j'étais "outillé" on ne peut plus rustiquement : petit dictaphone de poche (au son des plus approximatifs), vieux piano-branlo, flûtes & autres bidules divers, "Je suis la Vie" donc, fut sans doute l'un premiers textes d'autrui (en l'occurrence un grand poète) à faire les frais de mes tripatouillages. Déconstruit, reconstruit, selon mes sensations. Là encore, non par simple caprice, mais parce que j'en sentais là aussi le besoin pour des raisons expressives. Afin d'aller au cœur de la bête...

Quand j'ai été un peu mieux outillé, je ne pouvais reprendre tout ce travail. Je l'ai fait quelquefois, pour quelques études audio, mais il m'était impossible de TOUT reprendre. (Qui plus est, cela n'aurait pas forcément donné le résultat escompté : à savoir obtenir, outre un son un peu plus correct, une force expressive vocale d'égale intensité.)

Eh... Que voulez-vous, "L'Inspiration" n'est pas un de ces grands oiseaux migrateurs qui repassent dans le ciel avec la régularité d'un métronome !

Je mets ici pour "Je suis la Vie" une archive surgie de temps héroïques où l'on en était à réinventer la roue : "L'Aube des Temps".

En 2019 j'ai tenté de la nettoyer, de la compléter aussi, instrumentalement parlant. Cette année-là, 2019, je me suis même attaqué à des variantes orchestrales complexes : c'est dire si ce texte me tenait à cœur...

Bref. Le fond, ici, reste une version (étude) au son qui n'est pas un son de studio, évidemment. (Excusez-moi... Faudra "faire avec" !)


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Je suis la vie

 

Quand je songe à Dalize

 

Je suis la Vie… Je suis le Son et la Lumière…

Je suis la Chair des Hommes…

Je suis la substance sacro-sainte qui sert

La Pensée d’où jaillit l’Art, l’Amour qui console…

 

Je suis la Grandeur de la Vie,

Je suis la Chair des Hommes…

qu’on me vende ou qu’on me prostitue,

Je ne sers que les grandes choses…

 

Tout jaillit de mon marbre,

et aussi naturellement

que la fleur jaillit de l’arbre,

au printemps…

 

qu’à l’ombre de la nuit succède la Lumière

des jours…

que l’enfant naît de sa mère

toujours…

 

Tout le monde a couché sur l’orgueil de mon corps,

et j’ai versé la jouissance à tout le monde

aux faibles comme aux forts,

j’ai donné leur part de la Chair des Hommes…

 

Mais dans la maison où je prolongeais la Vie,

et qui avait l’air d’un hôpital –

il y avait des filles et des filles pâles,

jalouses de me voir vautrée avec leurs mâles.

 

-       Et l’on m’a dit qu’Elles s’appelaient « Les Patries ! »

 

Les jalouses Patries m’ont déchirée un jour,

Moi ! la Pensée, Moi, l’Art, et Moi l’Amour !

Mais malgré leurs flèches sûres,

mon corps est splendide toujours.

 

Car elles ont fleuri, mes blessures,

et les mâles, brûlant toujours d’anciennes fièvres,

heureux que tout mon corps ne soit que lèvres,

Déjà, aux creux du lit moite, encore, se recouchent…

 

 

 

Apollinaire