LA CHANSON NOIRE
(Les Voyages du diable)
MA CERISE SENT LE SOUFRE JE ROUGIS NU
Je me drape du fruit belle gangue de pulpe
Tout moi désormais me déshabille et me palpe
Je me sens cannibale – autophage au menu !
Des robes volent à ma taille quand je taille
Dans mes bas-flancs et dans ma hanche de bétail
Dans ma chair-steak de pauvre bœuf tout piqué d’ail
Quand des flots verts me font du charme dans l’entaille
J’ai du persil ou du cresson dans mon saindoux
Je mangerai demain mes seins dans l’allégresse
Et j’extirperai par-dessous ma peau la graisse
Déjà je bois dans mes viscères l’aigre-doux
Je lis en moi-même je suis peut-être oracle
JE VOIS TOUT : l’avenir le présent le passé
La crise dont je souffre creuse un trépassé
Cerise de tombe… ET CE SOUFRE QUE JE RÂCLE
Philippe Baudet, janvier 1992