Le Port fait partie des Petits poèmes en prose de Baudelaire, livre publié à titre posthume sous le titre Le Spleen de Paris.
Pour Le Port j'ai fait dès 2012, soit la première année où je me suis mis à l'audio, armé de mon seul petit dictaphone de poche (non pas la première année à écrire de la musique, loin de là, mais auparavant toute ma musique était "muette", silence sur mes portées), j'ai donc fait, dis-je, dès 2012, des tas d'études audio, ébauches, et j’ai même réalisé pour ce poème une longue composition qui s'est développée jusqu'en 2014.
Composition qui est trop longue (trop lourde) pour tenir dans un mail. J'ai d'ailleurs travaillé non pas sur une seule composition, mais sur une ribambelle de variantes. J'ai des tonnes de matériel éparpillé dans ma caverne d'Ali Baba, pour ce seul poème : Le Port.
Plouf, plouf, je mets ici... un petit fragment vocal. Vocal & autres... On y entend notamment mon vieux piano-branlo. Vocal, mais c'est un fragment issu de la fin de la vaste composition qui dure une demi-heure en tout, on n'y entend pas tout le poème dans ce passage-là.
C'est en fait une bribe vers la fin de ma composition pour Le Port, que j'ai choisie ici. (Composition restée à l'état d'ébauche faute d'outils appropriés.) Et cela date de 2012-2014.
Je mettrai aussi, dans le prochain article, une variante pour cordes écrite en 2019.
Philippe Baudet, le 18 mars 2023
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Le Port
Un port est un séjour charmant pour une âme fatiguée des luttes de la vie. L'ampleur du ciel, l'architecture mobile des nuages, les colorations changeantes de la mer, le scintillement des phares, sont un prisme merveilleusement propre à amuser les yeux sans jamais les lasser. Les formes élancées des navires, au gréement compliqué, auxquels la houle imprime des oscillations harmonieuses, servent à entretenir dans l'âme le goût du rythme et de la beauté. Et puis, surtout, il y a une sorte de plaisir mystérieux et aristocratique pour celui qui n'a plus ni curiosité ni ambition, à contempler, couché dans le belvédère ou accoudé sur le môle, tous ces mouvements de ceux qui partent et de ceux qui reviennent, de ceux qui ont encore la force de vouloir, le désir de voyager ou de s'enrichir.
Charles Baudelaire