LE PORT
Un port est un séjour charmant pour une âme fatiguée des luttes de la vie. L'ampleur du ciel, l'architecture mobile des nuages, les colorations changeantes de la mer, le scintillement des phares, sont un prisme merveilleusement propre à amuser les yeux sans jamais les lasser. Les formes élancées des navires, au gréement compliqué, auxquels la houle imprime des oscillations harmonieuses, servent à entretenir dans l'âme le goût du rythme et de la beauté. Et puis, surtout, il y a une sorte de plaisir mystérieux et aristocratique pour celui qui n'a plus ni curiosité ni ambition, à contempler, couché dans le belvédère ou accoudé sur le môle, tous ces mouvements de ceux qui partent et de ceux qui reviennent, de ceux qui ont encore la force de vouloir, le désir de voyager ou de s'enrichir.
Charles Baudelaire (in Le Spleen de Paris)
Le Port fait partie des Petits poèmes en prose de Baudelaire, livre publié à titre posthume sous le titre Le Spleen de Paris.
Pour Le Port j'ai fait dès 2012, soit la première année où je me suis mis à l'audio, armé de mon seul petit dictaphone de poche (non pas la première année à écrire de la musique, loin de là, mais auparavant toute ma musique était "muette", silence sur mes portées), j'ai donc fait, dis-je, dès 2012, des tas d'études audio, ébauches, et j’ai même réalisé pour ce poème une longue composition qui s'est développée jusqu'en 2014. (Et au-delà…)
Composition qui est trop longue (trop lourde) pour tenir dans un « post ». J'ai d'ailleurs dû travailler non pas sur une seule composition, mais sur une ribambelle de variantes. J'ai des tonnes de matériel éparpillé dans ma caverne d'Ali Baba, pour ce seul poème : Le Port.
Plouf, plouf, je mets ici... un petit fragment vocal. Vocal & autres... On y entend notamment mon vieux piano-branlo. Vocal, mais c'est un fragment issu de la fin de la vaste composition qui dure une demi-heure en tout, on n'y entend pas tout le poème dans ce passage-là.
C'est en fait une bribe vers la fin de ma composition pour Le Port, que j'ai choisie ici. (Composition restée à l'état d'ébauche faute d'outils appropriés.) Et cela date de 2012-2014.
Mais… Je mets aussi, si cela tient dans cette mise en orbite, une variante pour cordes (du Port évidemment), que j’ai écrite en 2019.
Philippe Baudet, le 18 mars 2023
(Pour ceux & celles que cela intéresserait, il vous faudra remonter loin en amont dans mon site… Jusqu’au niveau où naissent les saumons, dans ce fleuve impétueux ?)
**********************************************
N.B. (Codicille ?)
…Mais, ici, pour ce voyage dans la lune là, (ou dans le cosmos carrément ?), d’aujourd’hui : dimanche 10 décembre 2023, je vous mets une longue version datant, outre de 2012 pour une part, de 2013, 2014 et 2016. Version longue, longue, où l’on entend, outre le piano branlo, de la voix, de la flûte, des cuivres, des percussions, des bruitages faits maison, du piano… pas branlo pour le coup, du coquillage-flûte, etc. Et puis toutes sortes d’instruments autres. J’ai hésité, parce que c’est un peu long quand même. J’ai même failli mettre une autre version réalisée à la suite de celle-ci, tirant la conclusion des propres critiques que je me fis : version bien plus courte donc, composée autrement, et que j’aimais davantage in fine ; mais… où il n’y avait plus trace du poème de Baudelaire. (Ce qui est un comble, ma foi : puisque c’est pour lui, que ce tapis-là a été couché aux pieds dudit poètes des poètes – et de son texte.) Dans cette variante que j’ajoute à la déjà longue liste des variantes sonores pour Le Port, si l’on n’a pas tout le poème, on en a quand même une bribe - signifiante -, presque à la fin de cette étude audio. (Et la pièce se termine avec feu mister piano branlo seul - et mes doigts tapotant sur son couvercle… aujourd’hui en miettes : farine pour les petits poissons barbotant dans Le Port ?)
Ph Bdt