Le Rêve d’un curieux (poème de Baudelaire) / Le Rêve d'un curieux (version orchestrale - sans paroles donc) de 2020

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Le Rêve d’un curieux

À F. N.

 

Connais-tu, comme moi, la douleur savoureuse,

Et de toi fais-tu dire : « Oh ! l’homme singulier ! »

— J’allais mourir. C’était dans mon âme amoureuse,

Désir mêlé d’horreur, un mal particulier ;

Angoisse et vif espoir, sans humeur factieuse.

Plus allait se vidant le fatal sablier,

Plus ma torture était âpre et délicieuse ;

Tout mon cœur s’arrachait au monde familier.

J’étais comme l’enfant avide du spectacle,

Haïssant le rideau comme on hait un obstacle…

Enfin la vérité froide se révéla :

J’étais mort sans surprise, et la terrible aurore

M’enveloppait. — Eh quoi ! n’est-ce donc que cela ?

La toile était levée et j’attendais encore.

 

 

Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, 1857

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N.B. La mise en musique de ce poème de Baudelaire remonte à 1989, dans mon premier cahier de musique. En tant que mélodie précisons.

Ici, il s'agit d'une version orchestrale (sans paroles donc) datant de 2020.