LES SERMENTS (+ LES SERMENTS (CUBE 7) : Philippe Baudet, 2013 (étude))

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LES SERMENTS

(Version chanson)

 

 

Rien ne vaut dans les serments, rien ne vaut : à peine un instant, à peine ; du vent en somme ; doux mensonge en vérité, malgré qu’on soit persuadé du contraire au moment même de la conjugaison des cœurs et des mains qui battent à tout rompre dans leurs veines, malgré l’afflux du sang qui bat dans les tempes alors que le verre se remplit du vin fameux qui nous lie l’un à l’autre… jusqu’à ce que la coupe soit bue toute, jusqu’au moment du mot « fin » apportant au-delà de l’ivresse même au sein des ventres dédoublés semblant ne faire qu’un, le pressentiment des désillusions qui viendront, sois en certain petit, sois certaine petite, dès que tout sera consommé : verres vidés, estomacs : éviers-siphonasséchés, plus rien ne subsistant du divin parfum d’amour éternel. Plus rien. Rien. Ou bien, simplement l’empire de la souvenance.

 

Rien ne vaut dans les serments, rien ne vaut : à peine un instant, à peine…

 

Cela, cet instant, pourra bien durer une seconde, une heure, dix ans, vingt ans – et même trente années… -, il n’en sera pas moins « un instant ».

Un instant toutefois riche selon la beauté des chœurs qui chantèrent le Grand Serment de jadis, ou pauvre selon la fausseté des voix qui couinèrent sous la voûte…

 

Rien ne vaut dans les serments, rien ne vaut : à peine un instant, à peine…

 

Bah, on l’a dit déjà, ailleurs, seul le présent danse à l’unisson des âmes qui se rejoignent à l’instant T ; le présent, ce despote qui fait et refait les comptes, qui fait les mythes. Toujours la seconde, l’ici et maintenant, toujours ! Le passé ?, au mieux berce ; le futur quant à lui attend son heure, impatient ; le futur n’aspire qu’à devenir le présent à son tour. Le futur ? Mais oui, le futur ! Le futur ! Le futur ! Le futur a vocation à être roi à la place du roi. Le futur ? Mais oui !, le futur ! C’est à lui, le futur, que reviendra toujours la couronne. Et cet instant d’aujourd’hui ne sera plus alors qu’un songe : de la poussière… de passé. Pfuit !

 

Rien ne vaut dans les serments, rien ne vaut : à peine un instant, à peine ; du vent en somme … Du vent… du vent… du vent…

 

 

 

(Philippe Baudet, le 20 décembre 2013, à Saint-Étienne – chez sa fille)