Lettre
I
Des petits couraient tout près de l’eau
Et leurs pas marqués sur le sol
Pavé d’un pavement en carreaux
Se conjuguaient en farandol(e)s
Aux abords de la nuit
La lun(e) s’avançait déjà, plus câline
Qu’un pouf
Alors nous rejoignîmes la mousse
Et les chansons. Le camp bruissait
Et ces coqu(e)s en plastique, où des housses
Surpris(e)s d’être maisons tremblaient,
Laissaient couler l’ennui
Il y eut des bruits sous le toit de fine
Étoff’
II
Une nuit passa – entière d’un souffle –
Que des bêtes de sang même ne purent altérer
Ni le vent (je m’en souviens) là dans les longs peupliers
En quinconce vivant parmi les trèfles
De ce carré humide
Le jour toujours vous volait à nous si ce n’est
Un sourir’
Puis vos lèvr(e)s et puis vos mains posées à même nos mains
Entrelacées pour un rien d’abandon
Au sein des fourmis ou sous l’édredon
Tandis que dormaient les enfants en attendant “demain”,
Se remplirent de vide
Notre regard en éclats de verr(e) se voilait
À mourir
III
Vous nous vîtes mais ne dîtes mot
Pas plus que ne fîtes signe
Écho était morte près de l’eau
Et c’est Narciss(e) qui, indigne,
Dut pleurer… face à face
Coulèrent bière et coca que vous avaliez
Cœur radieux
Ce fut de l’acid(e) sur notre front
De brais(e). Ces algues – nos cheveux –
En fur(e)nt meurtries jusqu’au plus profond
Des racines : c’est un aveu
En forme de grimace…
MAIS LES MOTS N’ONT PLUS LEUR PLACE SUR CE VIL PAPIER :
A-DI-EU !
(Philippe Baudet, 1979)