Lettre (+ ATA - CUBE 4 : Philippe Baudet, 2018)

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Lettre

 

 

I

 

Des petits couraient tout près de l’eau

Et leurs pas marqués sur le sol

Pavé d’un pavement en carreaux

Se conjuguaient en farandol(e)s

Aux abords de la nuit

 

La lun(e) s’avançait déjà, plus câline

Qu’un pouf

 

Alors nous rejoignîmes la mousse

Et les chansons. Le camp bruissait

Et ces coqu(e)s en plastique, où des housses

Surpris(e)s d’être maisons tremblaient,

Laissaient couler l’ennui

 

Il y eut des bruits sous le toit de fine

Étoff’

 

II

 

Une nuit passa – entière d’un souffle –

Que des bêtes de sang même ne purent altérer

Ni le vent (je m’en souviens) là dans les longs peupliers

En quinconce vivant parmi les trèfles

De ce carré humide

 

Le jour toujours vous volait à nous si ce n’est

Un sourir’

 

Puis vos lèvr(e)s et puis vos mains posées à même nos mains

Entrelacées pour un rien d’abandon

Au sein des fourmis ou sous l’édredon

Tandis que dormaient les enfants en attendant “demain”,

Se remplirent de vide

 

Notre regard en éclats de verr(e) se voilait

À mourir

 

III

 

Vous nous vîtes mais ne dîtes mot

Pas plus que ne fîtes signe

Écho était morte près de l’eau

Et c’est Narciss(e) qui, indigne,

Dut pleurer… face à face

 

Coulèrent bière et coca que vous avaliez

Cœur radieux

 

Ce fut de l’acid(e) sur notre front

De brais(e). Ces algues – nos cheveux –

En fur(e)nt meurtries jusqu’au plus profond

Des racines : c’est un aveu

En forme de grimace…

 

MAIS LES MOTS N’ONT PLUS LEUR PLACE SUR CE VIL PAPIER :

A-DI-EU !

 


(Philippe Baudet, 1979)