LOIN DES GRANDS SACRIFIÉS…
« Sculpte mon corps, Géant ! Et fais vomir la mer !
Fais-lui rendre la pierre en menus cailloux mêmes
- Même en sirop-silice
Avance ton fier torse ou bombe-le en herbe
Que l’océan t’épouse et couvre de varech
- Fucus et laminaires
Ma chair à vif mon cher par tes coups de boutoir
Par tes cuisants baisers ! » Ma tête la première
Se jette dans sa gueule
Et gueule à ce géant qui fauche toute vie :
« Tiens-toi donc plus tranquille ô terrassier vaincu
Par ce qui grouille en moi…
Ce monstre est immobile apparemment mais grouille
Tout comme la vermine : alors prends-garde à toi
Que ça ne grouille en toi !
Repose tes ciseaux, Sculpteur des profondeurs
Dépose dans la chaux un peu de ta colère
Et puis embrasse-moi…
Tiens-moi entre tes bras ô Liqueur de mon cœur
Fais-moi glisser sur l’onde où ton lit nous entraîne
Loin des Grands Sacrifiés »
Philippe Baudet, 1995