OYEZ, OYEZ ! "ANNE"... (+ ANNE 12 - CUBE 2)

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OYEZ, OYEZ ! "ANNE", SUR UN POÈME DE COUR DE MALHERBE (né à Caen vers 1555, mort à Paris le 6 octobre 1628).


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Rions un peu, sourions vaguement...


 

Il y a longtemps, j'avais étudié Malherbe, l'avais aimé, admiré. À la suite de Francis Ponge, qui voyait en lui un modèle. Un grand maître de la rigueur poétique française.

Malherbe influença tout le XVIIe siècle des Lettres françaises.

Et au-delà. Jusqu'à ce qu'un certain Victor Hugo (sans parler des premiers romantiques) ne conteste un brin sa sévérité classique. Et ne le rabroue un chouïa. Puis, à la génération suivante, celle des Baudelaire, puis des Verlaine et des Rimbaud, il vacilla sur son piédestal. Et tomba.

 

Jusqu'à ce qu'un certain Francis Ponge ne le relève.

Et en fasse, pour lui-même, un parangon. De vertu. De rigueur. De remise en question de la forme.

 

En 1989 ou 1990 j'avais mis en musique un très beau poème de lui : Caliste. Très sensible, au contraire de ce que l'on pourrait penser de ce poète au premier abord : « un policier des lettres, un censeur. Un valet avant-coureur du sieur Richelieu et de son Académie ».

 

Remettons les choses à leur place : Malherbe fut un poète de cour, certes. Mais d'abord au service des Valois. Puis de Henri IV. Et enfin de Marie de Médicis.

Par conséquent, il ne connut pas Richelieu. Mais fut un précurseur de la future Académie française - qui puisa largement dans son enseignement. Académie française qui mit le holà à l'esprit libre, aux licences poétiques des Ronsard, des Du Bellay, des Marot (et plus encore des Villon bien entendu, lui qui avait vécu au XVe siècle).

 

Monsieur Nicolas Boileau, plus tard, dans son Art poétique, lui tira son chapeau. Reconnut tout ce que l'on devait à ce précurseur de la clarté à la française.

 

Voilà pour les faits historiques.

 

Maintenant, permettez que je parle ici des mises en musique que je fis de certains de ses textes.

La première, en 1989 ou 1990 : Caliste donc, c'est parce que ce poème-là m'avait beaucoup plu. J'en fis une musique qui d'ailleurs se retrouvera (en tant que thème) dans maintes de mes compositions ultérieures.

 

J'ai mis en musique d'autres poèmes de Malherbe par la suite. Mais que je n'ai pas encore retrouvés.

 

Quant à celui que je vous propose ici, mis en musique en 2012, c'est avec une certaine ironie que je l'ai traité.

C'est là, typiquement un poème de commande dont il s'agit. Au service de la plainte de son altesse le Prince, fils d'Henri IV et de Marie de Médicis : le futur Louis XIII. Et de ces amours... malheureuses.

Je ne me suis pas senti très concerné (du moins au premier degré) par le sujet je dois avouer.

Mais il m'a amusé de le chanter malgré tout, ce poème de cour. (Eh ! Il fallait bien que Malherbe mange et touche sa pension !)

 

 

(Philippe Baudet, le 22 janvier 2022)



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N.B. On comprend que ce texte ("Anne") a déjà fait l'objet d'une mise en musique en 1615. Pour un ballet.

Il va de soi que ce que je vous ai proposé ici n'a aucun rapport avec cette musique de Ballet. Ballet dont je n'ai aucune idée. D'ailleurs, reste-t-il aujourd'hui des traces de ce ballet du tout début du XVIIe siècle ? J'en doute. Certains historiens spécialisés, peut-être, en ont-ils quelque idée ? Et quel compositeur ? Et quel chorégraphe ? Va savoir...


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(Chantée au ballet du triomphe de Pallas.

1615.)



Cette Anne si belle,

Qu’on vante si fort,

Pourquoi ne vient-elle ?

Vraiment elle a tort.


Son Louis soupire

Après ses appas ;

Que veut-elle dire

De ne venir pas ?


S’il ne la possède

Il s’en va mourir ;

Donnons-y remède,

Allons la quérir.


Assemblons, Marie,

Ses yeux à vos yeux :

Notre bergerie

N’en vaudra que mieux.


Hâtons le voyage ;

Le siècle doré

En ce mariage

Nous est assuré.

 


(Malherbe)

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Lien vers : IL N'EST RIEN DE SI BEAU - B