SONNET FLUVIAL
(Les Péniches)
Le long des quais campent des bâtiments,
Leurs flancs en feu à force de caresses
Inassouvies – insatiables maîtresses !,
Tanguant un peu, se frottant au ciment,
Et se cognant ! aux clapotis amants…
Mais déliées ces péniches s’empressent
Au doux travail qui comble leur paresse :
Ramper au fil de l’eau au corps charmant ;
Et lentement, descendre tout le fleuve
En se lovant dans son mâle sillon ;
Enfouir le ventre, ourlé de vagues neuves,
Entre ses bras, et hisser pavillon !
Puis, pour finir, goûter aux embruns suaves,
À l’estuaire, où là la mer se lave.
(Philippe Baudet, septembre 1999)