Sous le soleil de l'oiseau noir (sur un quatrain de Michel Houellebecq)

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Sous le soleil de l'Oiseau mort

 

 

 

Alors là, je ne sais comment m'en tirer avec ce chantier...

 

J'explique. Je viens de remanier une version de Sous Le soleil, orchestrale. Bon. Alors je me dis : « Peut-être faudrait-il aller à l'origine du projet ? »

Bien. Me reviennent des souvenirs maintenant assez lointains. Du moins pour ma mémoire vacillante : 2015.

Je me revois dans mon lit. Je suis en train de lire La Possibilité d'une île de Michel Houellebecq. En un certain passage du livre, je tombe sur un quatrain octosyllabique. Dans ma tête me vient alors une petite mélodie en lisant.

Mon petit dictaphone de poche est posé sur ma table de chevet. Je le prends. Le pose sur mon torse. L'allume. Et relis en chantant. Je devrais dire en travaillant cette petite mélodie, censée être une “toute petite chose”, pour “un tout petit quatrain octosyllabique”, qui, par lui-même ne me fait pas m'envoler... Pour tout dire je ne le trouve pas très bon, ce quatrain, comme presque tous les poèmes de Houellebecq d'ailleurs : puisqu’il détient la marque « Houellebecq », le Michel, il pondrait une bouse qu'on l'éditerait ! (J'ai lu en entier - ouf ! - un de ses livres composé uniquement de vers : bof !)

En revanche, je trouve que Houellebecq est un (très) grand écrivain : un (très) grand romancier.

 

Mais là, quand même, sans que je le trouve extraordinaire ce court poème, il possède un-je-ne-sais-quoi de mystérieux.

Alors… Je le laisse m'entraîner... dans une petite récréation, comme souvent j'en fait...

J'ai des foultitudes d'esquisses audio qui dorment encore dans mon petit dictaphone de poche. (Dictaphone, que j’emmène avec moi quand je pars en vacances par exemple, pour le cas où… ; ou bien quand je vais chez ma fille - ce qui ne m'arrive pas très souvent. Des fois que l’envie me prenne de faire des croquis audios, hum ?)

 

Bref, dans le cas qui nous occupe, sans à aucun moment m'imaginer qu'il va m'entraîner aussi loin en fait, ce petit exercice – de style ? -, je tente un tout premier enregistrement a cappella, dans mon pieu, avec ma voix, et le livre de Houellebecq sous les yeux.

Et, particularité, ici, au lieu d'appuyer sur le bouton "Stop" à chaque essai, j’ajoute à voix haute : « Essai 1 » ; « Essai 2 » ; « Essai 3 » ; « Essai 4 » ; « Essai 5 »... Sur la même piste je veux dire.

 

La nuit passe. Ce qui est le propre d'une nuit, que de passer : chacun et chacune sait cela, connaît cela, en fait l'expérience chaque jour - si je puis employer le mot « jour », en parlant de la Nuit. De toutes les Nuits qui se succèdent à notre chevet. Hum ?

 

Le lendemain ? Je ne sais plus.  

Ce que je sais en revanche, c'est que par la suite j'ai finalement copieusement repris cette mélodie. Me détachant des vers de Houellebecq. (Pas une grande perte, pensai-je alors.)

La musique prenait son autonomie. En long, en large et en travers. Des versions d'abord accompagnées d’instruments maison : voix et claviers. Puis, des versions seulement orchestrales. Et toujours ce même thème du départ.

 

Longtemps, je ne me suis plus occupé que de la musique, que j'ai développée en maintes variations. Développée. Je ne me suis plus préoccupé des paroles, en tout premier lieu parce que je ne savais pas si Houellebecq aurait été d'accord. Et comme il n'est pas encore tombé dans le domaine public, je n'ai pas, jusqu'ici du moins, osé mettre ce court texte, qui n'est pas de moi, ni d'un auteur passé dans le domaine public, comme je viens de le préciser, dans mes envois. Quels qu’ils soient. Du moment que cela se promène sur internet, les « droits d’auteur » ne sont pas des droits de pacotille. Même pour… Quatre vers octosyllabiques ? Eh… On a des quatrains d’Apollinaire qui sont des chefs-d’œuvre ! Ce n’est pas la taille qui fait l’œuvre ; on a des Miniatures, qui sont des hirondelles…

 

Puis quelqu’un m’a dit un jour : « Oh... Il n'y aurait pas grand mal à ça ! »

Bon.

Donc, après avoir récemment remanié une version orchestrale assez complexe, j'ai voulu chercher dans ma Caverne d'Ali Baba, ce que je trouvais d'études ou d'ébauches, notamment vocales - si j'en trouvais ?

 

Mazette ! Rien que dans la première anfractuosité venue, dans les murs de ma Caverne d'Ali Baba, je suis tombé sur tout plein, mais alors tout plein d'études et d'ébauches diverses et variées ; et dans le tas, des études vocales que j'avais totalement oubliées ! Sans parler des variantes orchestrales et variations en quantité. Bref, je croule sous le nombre.

Au point que, craignant de faire le mauvais choix, craignant de laisser des “perles” de côté, je suis donc à cet instant dans l'expectative : que mettre en premier ici ?

Que mettre ? Peut-être la toute première étude a cappella ? Puisque c'est d'elle que tout le reste découlera.

Mais c'est loin d'être du studio ! Je parle du son. D'autant que cela s'assume comme “Recherches” : « Essai 1 » ; « Essai 2 » ... Etc.

Je ne sais ? Si au moins je n’avais retrouvé que quelques miettes, ça m’aurait bien arrangé. J’aurais pu vous les soumettre ; et puis passer à autre chose. Mais là ? Pff…

Il me faudrait prendre le temps d’écouter d’abord des heures durant. Voire chercher dans une autre pièce de ma Caverne d'Ali Baba, ce que je pourrais y trouver, en lien avec ce thème.

Merde alors ! Pas qu’ça à foutre !

Alors ?

Ma foi ? Vous verrez bien…

 

Bye !

Philippe Baudet


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Sous le soleil de l’oiseau mort

Étale infiniment, la plaine ;

Il n’y a pas de mort sereine :

Montre-moi un peu de ton corps.

 

 

 Michel Houellebecq – in La Possibilité d’une île