SOUVIENS-TOI DE LA DAME BLANCHE (Flot percussif 1) - première étude : Philippe Baudet, 2014

Posté

(Hommage à la grande et belle Maison : qui fut des années durant mon refuge, et… mon laboratoire)

 

IL ÉTAIT UNE FOIS… « LA NUIT »

 

 

En 2014, j’ai entrepris de faire La Nuit. C’est-à-dire composer, à une époque où je n’écrivais plus sur partition, (ce depuis 2011, et jusqu’au début de l’année 2016… qui me verrait reprendre le crayon et le papier à musique), une vaste pièce sur La Nuit.

Je vivais alors à la campagne. Et je travaillais souvent pendant la nuit. Dans mon atelier, peignant ; ou dans mon bureau, écrivant.

La Nuit. Avec ses bruissements singuliers ; et ses cris. Les rapaces : hiboux, chouettes, et tout particulièrement nos chères Dames blanches, ne faisant pas dans la dentelle : ces fauves des airs engloutissaient cul sec dans leurs becs des petits animaux… surpris dans leur sommeil ; ou bien les chopaient sans pitié entre leurs serres (vlouf !). Et ces petits animaux là poussaient alors des cris déchirants. Poussaient des plaintes. Des gémissements. Émettaient des couinements… zébrant la nuit d’un trait… de plume ! La musique de la nuit, en somme. Tragique donc.

Le vent, lui aussi, animait le prétendu silence nocturne propre à la campagne. La bise et l’orage parfois s’épousaient. Hululaient à tout-va. Enlacés. Amples rideaux d’eau qui claquent sèchement, tels des tapis que l’on bat, quand on fait les poussières. Traits de pluie, serrés drus. Fouettés, et fouettant sauvagement. Grêle. Grêlons. Gouttes qui par milliards cliquètent bruyamment en tombant sur le sol. (Là où l’herbe ne repousse plus… Après qu’Attila fut passé, tout ensanglanté du sang des autres.) Bourrasques-Attila. Ça claquait dru sur les ardoises du toit, ainsi que sur le goudron de la route qui jouxtait la maison, route qui continuait son chemin… sinueux sacrément.

Cela dansait aussi. Cela dansait, ici. Oui. Cela swinguait follement… En virevoltant crescendo. De jour, comme de nuit. (Tel un Gene Kelly pour le coup. Un Gene Kelly chantant sous la pluie : « Singin' in the Rain ! » Un Gene Kelly chantant à tue-tête, en tenant à la main… son inutile parapluie. Un Gene Kelly chantant donc, et dansant avec la même fougue, claquettes battant le pavé, un Gene Kelly sautant comme un fou à pieds joints dans les flaques, un Gene Kelly aspergeant tout sur son passage, même le flic qui vient à lui… voir un peu de quoi il retourne : « Z’avez-vos-papiers ?! »)

La cime des arbres. (Majestueux chez nous.) La robe des arbres. La peau des arbres. Les longs bras et les longs doigts des Grands Arbres. Nos Grands Arbres. Les nôtres. Le feuillage touffu de notre hêtre, de nos tilleuls, de nos marronniers. (Pardon, à ceux que j’omets, faute de place, de citer sur cette feuille de papier. Pardon, chères âmes.)

Les frondaisons des arbres, cinglaient quelquefois l’air. Méchamment.

Masses végétales portées par la bourrasque. Et ployant, agiles malgré un volume et un poids XXXXLLLL, leurs si beaux corps. Déployant leurs ailes de géants albatros. Des albatros géants déclamant du Baudelaire à tout-va. De l’Edgar Allan Poe. Jusqu’à se faire entendre, à l’intérieur. Et le jour, et la nuit. Brrr… À glagla !

Le tonnerre rugissait lui aussi, via les cheminées, ce dans toute la maison.

Cela vibrait à tous les étages.

Diable ! La maison. Ding, dong ! Ma maison

 

Et voilà.

 

Dans ma campagne, la nuit était animée, (sur le plan sonore je veux dire), non pas par la rumeur typique des villes, ça non ! Ronflements de voitures, de motocyclettes, ainsi que beuglements de voix humaines parfois… Pas discrètes pour deux sous ces voix-là… Cris, et injures envoyées à la volée, et à tue-tête, par quelques noceurs tardant à rentrer au nid. Injures jetées depuis le bitume, contre les carreaux éteints, afin de réveiller les dormeurs, qui sait ? Grossièretés-de-charretiers dues à quelques noctambules zigzaguant, un chouïa éméchés. (Noctambules écumant nuitamment les trottoirs. Ouf !)

 

***

 

Bref… Pour en revenir à ma campagne, la nuit y était animée quant à elle… par une musique bien particulière : la musique de la nuit faite de vie (et de mort aussi)… que j’ai évoquée plus haut.

Il y aurait beaucoup plus à en dire bien sûr. Mais, ces pages que vous avez sous les yeux, ne se prêtent pas à une dissertation exhaustive sur le sujet : la nuit.

Seulement à une allusion…, en vue de vous parler de la “musique” que je composais alors. En 2014 donc ? Oui. Une musique, satisfaisant en partie (à cette époque-là du moins), à mon esthétique de la masse, de la densité, ainsi que de la lenteur. Des vastes étendues aussi. Parsemées de fulgurances.

Une esthétique assez différente de celle qui m’anime aujourd’hui, je dois dire.

(Bien que je ne puisse moi-même en juger sans le recul nécessaire qu’il faudrait. Un peu comme je le fais ici, en revenant sur mes pas, en prenant acte de ce qui fut produit dans ma maison-laboratoire. Jadis.)

Bah ! Brisons-là sur cette question qui nous entraînerait vers des méandres n’en finissant pas de finir. (Ou même, de commencer ?)

 

Musique ? (« Vous avez dit musique ? – Moi, j’ai dit musique ? Tiens comme c’est étrange. »)

…D’ailleurs à cette époque je préférais ne pas employer ce mot-là : musique. À un ami qui me rendait assez souvent visite, et à qui je faisais entendre un peu de ce… travail audio, je disais alors que je ne composais pas de musique à proprement parler, mais qu’il s’agissait en fait de paysages sonores. (« Vous avez dit : pirouette ? ») Des paysages sonores que je peignais, avec d’autres pinceaux que ceux destinés à la toile. Que cela était du domaine des arts dits plastiques en vérité. Ainsi je ne me risquais pas… dans un Jardin à l’entrée duquel est accroché un panneau sur lequel on peut lire : « Interdit aux chiens & aux ignorants ». (Qui donc est allé cafter à la Police des Arts ? Hein ! Qui c’est-t’y, qui a envoyé au Bureau des Affaires culturelles une lettre anonyme ? Une dénonciation sous le manteau, hum ? Insinuant qu’un tel m’aurait aperçu un jour me pavanant sur l’un des bancs de ce fameux Jardin, où chantent les p’tits oiseaux… de Messiaen. Du fiel, rien que du fiel vous dis-je : Pouah !)

En somme, je ne m’aventurais nullement dans un domaine… Où je n’étais pas légitime. Eh oui… Puisque même si ces paysages-là étaient lus par les oreilles, ils n’en restaient pas moins des sortes de peintures.

 

Bon. Admettons. Mais… Pour en revenir à cette pièce en particulier, intitulée : La Nuit. Quid de La Nuit donc ?

 

Il s’agissait en l’espèce d’une musique non écrite - quoique… écrite d’une autre manière, façonnée autrement. (Et l’on était alors en 2014.)

Mes outils à ce moment-là ?

En 2012, année de mes débuts dans « l’audio », (je le rappelle pour mémoire), mes outils étaient des plus sommaires. Mes outils de 2014 étaient devenus un peu plus performants, ils étaient beaucoup plus (et mieux) adaptés à mes ambitions d’alors (“polyphoniques” en quelque sorte), que ceux, dérisoires évidemment, dont je disposais en 2012 : puisque je devais, cette année-là, comme en 2013 encore, faire mes petits mélanges sonores directement sur mon petit dictaphone de poche (sorte de palette monochrome… du pauvre). C’est dire l’incongruité de la chose, non ?

Plus et mieux adaptés étaient mes outils en 2014 par conséquent - ce qui n’est pas bien difficile, n’est-ce pas ? (Car tout ceci restait de fait bien modeste.)

 

Et… Je devais faire feu de tout bois comme on dit.

 

Oui mais… Je disposais maintenant d’un appareil qui présentait l’avantage de posséder un nombre conséquent de pistes autonomes. De ce fait, chaque couche que j’y déposais ne subissait, en théorie du moins, pas de perte. Sacrément précieux, ce détail, hum ? Je ne risquais plus la bouillie sonore, dans mes nouveaux mixages. Toujours ça de gagné !

Bien sûr, il me fallait déposer sur ces pistes ce que j’avais auparavant enregistré. Hé !

Et là… Ma foi… J’en étais (presque) au même point que les années précédentes. (Presque.)

…Prenons l’exemple de l’étude percussive que je pense, à cet instant du moins, vous faire connaître en premier (après l’avoir moi-même redécouverte ces jours derniers) ; ébauche sonore, qui est l’une des maintes études que j’ai réalisées pour le passage central de La Nuit : Souviens-toi de la Dame blanche (flot percussif).

Il me fallait faire preuve de beaucoup de créativité. D’inventivité. Utiliser tout ce que j’avais sous la main, de percussif : tout d’abord le piano, évidemment. Un piano, qui est, en 2014, encore plus branlo qu’avant comme on s’en doute. De petits instruments de percussion en bambou de quatre sous, également. Ainsi que des objets usuels de toutes sortes. Ustensiles de cuisine par exemple. Et puis enfin, les instruments de percussion de mon fils, instruments de percussion restés un temps à la maison. (À l’étage supérieur pour être précis.) La batterie, entre autres. Les cymbales notamment.

(Je n’ai pas la place ici, pour vous livrer tous mes petits secrets de cuisine de cette époque (révolue) là. Mais, bon… On imagine la suite, je suppose. Sinon ? Eh bien alors, si l’on manque à ce point d’imagination, on n’a qu’à aller se faire cuire un œuf ! On n’a qu’à aller se faire voir chez les Grecs ! Et basta !)

 

Fort bien. On se calme.

Et, ensuite ?

Ensuite, ensuite, ensuite… Reprenons là où l’on en était avant cette foutue parenthèse, chers amis. Merci.

 

…Et donc, avec (grâce à) ce matos de fortune, je dois dire que j’ai pu profiter au mieux d’être dans cette grande maison, propice aux folles embardées décomplexées. Folles embardées… Que je ne pourrais plus me permettre, aujourd’hui que j’habite de nouveau en ville.

(« Eh oui ! Hé, ça va de soi, bien sûr. Respectons le voisinage. C’est bien le moins.

…Mais, pour ce qui est de la partie centrale de La Nuit ? Qu’en sera-t-il maintenant ? L’entendrons-nous, cette étude ? Ou ne l’entendrons-nous pas ? Hein ? À présent qu’on nous a mis l’eau à la bouche, on aimerait bien savoir de quoi il retourne au juste. Et, si ce n’est cette étude-ci, pourrait-ce être une autre ? Ou niet de chez niet ? Définitivement niet ? Ou bien, doit-on comprendre que ce qui est devant… est devant, signifié par un grand point d’interrogation, certes ; mais que, dans la même mesure, sur l’autre plateau de la balance, ce qui est derrière… est, un livre ouvert ? Un livre de la mémoire qui ne saurait se taire ? Dites ? »)

Trêve de bavardages !

Et puis… De toute façon… Vous verrez bien par vous-mêmes, si c’est cette étude-là pour La Nuit que je vous proposerai en premier.

Probable. Pas encore certain. Peut-être sera-ce, in fine, telle ou telle autre étude ?

Pour vous cela ne changera strictement rien, vu que, n’entravant que couic à cette affaire de… Nuit (la mienne je veux dire), eh bien… vous ne pouvez de toute façon pas savoir à quoi vous attendre. Vous ne pouvez avoir absolument aucune idée, évidemment, des tenants et aboutissants de la chose dont je vous parle ici ; ce, depuis bientôt quatre pages maintenant. Ma foi… Pour vous : kif-kif.

Oui. Eh ! Il n’y a bien que mézigue àme perdre en conjectures !  

 

(« De quoi-qu’il-cause, le monsieur ? Tu le sais, toi ? – Non. Je n’entends goutte à ce qu’il dit, ce bougre de baragouineur ! D’abord c’est quoi son histoire ? T’as compris quelque chose, toi ? – Que dalle ! Ça me semble n’avoir ni queue ni tête déjà, son affaire de paysages sonores... audio. De “musique-pas-musique”. C’est du non-sens pur et simple. De l’embobinage. De l’enfumage de gogos. Du galimatias. Du charabia pour bobos. Pour snobs mal éclairés, et autres intellos malingres de la cervelle. Berk ! Il y en a vraiment qui n’ont rien d’autre à faire dans la vie, apparemment, que d’amuser les clowns ! Enfin… N’a qu’à, comme tout un chacun, mettre en marche son ordi, le monsieur. Et… Ne plus nous faire chier avec ses “fariboles” ! Et puis… N’a qu’à… Caresser dans le sens du poil le corps tout dodu du disque dur qui frémit dans le ventre de la Bête - tel un cœur qui palpite dans la poitrine de L’Homme branché. Ne plus se prendre le chou en public. Et, incidemment, nous laisser en dehors de ces problèmes technico-lexicaux, qui sont les siens, de problèmes truc-bidule-machin-chose. Qu’il nomme les choses comme il l’entend, le monsieur : comme ci ou comme ça, peu nous chaut, ho ! Qu’il les définisse à son gré, ma foi. Mais… Sans que nous ayons, nous autres, à nous fatiguer l’entendement. Ainsi, à chacun son métier, et les vaches (de chacun) seront bien gardées. Et vogue la galère ! Non mais ! »)

 

Mouais. C’est vrai, rien ne va de soi. Encore moins ce que j’ai à mettre au jour, en ces pages… Qui ne m’attendaient pas. Qui n’attendent rien du reste. Pff…

Alors… Je vous dois, chers amis, de m’expliquer un peu mieux ici - parler clair avec vous. Afin que cela, le nœud du problème, soit su de tous : car nul ne saurait tout deviner, hé ! 

Cette profuse quantité de matériau, venue du passé, de mon passé, (et comprenant La Nuit donc), que j’essaie (vainement ou non ?) de vous faire “toucher du doigt”, cette abondante coulée de lave sonore, coulant comme du miel antique, collant aux semelles (de vent, du Poète ?) itou, « matière » dont on ne peut se déprendre aisément, hé ! cette glu dont on ne peut se désengluer en un claquement de doigts, « matière » qui attache, m’attache, moi, en tout cas, cette masse de son, cette massue (assommante ?), cette CHOSE qui est le sujet même du pourquoi et du comment de ce qui nous occupe (la cervelle : la pauvre cervelle) ici, cette CHOSE dont je vous rabats les oreilles ad nauseam, et ce depuis des heures : Bigre !, cette CHOSE dont je vous cause depuis le début de cette plantureuse bafouille logorrhéique (vous suivez toujours, ou bien vous êtes définitivement largués - hein ?), eh bien… cette CHOSE provient d’un disque dur, désormais externe, extrait qu’il a été il y a quelque temps, (faute de place disponible), ledit disque dur, (mou désormais ?), extrait qu’il a été, répétè-je… du cœur et du corps tout chaud de la machine : mon ordi. Et, du coup, par la force des choses, et par la grâce des forceps, la CHOSE elle-même fut extirpée, vlouf ! du sein bien rond de la Bête. (De ma tour d’ordinateur pour être exact.) La CHOSE, contenue tout entière (jusqu’à présent du moins) dans ce disque dur, ex-interne, devenu, comme on l’a vu (et de façon insistante, hé !)… externe donc. Disque dur de contenance de 1 Tor, disque dur occupé, intégralement, par du matériau pour oreille, uniquement par du son, du sonore, de l’audio : « la CHOSE », de son petit nom. Disque dur devenu externe, certes. Mais dont je voudrais, à présent, transférer quelques échantillons (encore prégnants, à défaut d’être franchement fringants), quelques petits fragments, émouvants si possible, (quelques morceaux de la CHOSE), sur mon nouveau disque dur interne. Et surtout, sur Dropbox, afin que ces échantillons-ci fussent assurés d’être… conservés. Au moins quelque temps.

(« Ah bon ? Dont acte. Mais alors… Pourquoi pas tout ? Pourquoi pas l’ensemble de ce qu’il y a sur ce disque dur externe ? - Ben, si on l’a sorti manu militari du bidon de l’ordi, c’était pour faire de la place, mes dadais ! Je vous l’ai déjà dit et redit, non ? Ce, à satiété il me semble… »)

 

Toutefois, comme je l’ai déjà expliqué plus haut (de manière imagée), je voudrais pouvoir remettre dans mon ordinateur quelques échantillons… choisis.

Oui mais, comment choisir ? Y aller au pif ? Ou de façon rationnelle ?

Bah… Qu’est-ce que la raison vient faire là-dedans ?! On parle avec le cœur ici, non avec la tête.

(« Hé ! c’est un “vrai casse-tête”, alors ? – OUI, mes amis. Ça l’est. En effet. »)

 

Ça l’est. Car comme j’ai essayé de le faire comprendre plus haut, je ne peux tout mettre dans le ventre de mon ordi, hélas. Hé ! Sinon c’est l’implosion assurée. Des gargouillis dans tout le bide, avant… l’expulsion brutale. Intempestive : « Boum !!! »

 

***

 

Pour conclure, changeons, sinon de sujet, du moins d’angle par lequel aborder ce… galion ?

Deux mots sur le projet La Nuit lui-même, peut-être ?

Je vous parle là, de quelque chose que je ne pourrais de toute façon pas vous faire entendre dans son ensemble, puisque cette pièce dure une heure, et des poussières. Pour les poussières, bon, ça pourrait aller ; mais quant à l’heure qui précède ces poussières, c’est une autre histoire !

 

J’ai pu constater ces jours derniers, en farfouillant dans mes dossiers audio (je n’ai pu tout examiner en détail bien sûr), que j’avais réalisé, en 2014, quatre esquisses différentes de La Nuit. (Toutes quatre d’une heure, ou guère moins.)

À l’époque, ou peu après, je me souviens avoir gravé un CD avec l’une de ces esquisses. Un CD d’étude. Pour voir si ça fonctionnait. Ou pas.

…Et il me revient que lors d’une expo de peinture que l’on avait organisée à la maison, nous avions passé, (en boucle), cet enregistrement, pour moi finalement plutôt convaincant.

Pour les autres ? Une toile-sonore chargée de l’ambiance, sans doute. Eh… Ni plus ni moins.

Musique dont chacun et chacune ne savaient rien de la provenance. Sauf quand certains (rares) posaient des questions à son sujet. Dont chacun et chacune n’entendaient de toute façon (osons ici le verbe entendre), qu’un passage : puisque, comme nul ne l’ignore, lors d’une exposition de peinture, on passe, son verre à la main, on passe

Et l’on s’en va plus loin, voir un peu ce qu’il y a… Ailleurs ! (Dans la pièce d’à côté par exemple.)

 

Cela étant, cette musique, lente, progressive, était là seulement pour l’ambiance je le répète, elle était employée comme fond sonore… sur lequel on déambule, de peinture exposée en peinture exposée.

(J’ai tout de même pu m’apercevoir à cette occasion, que d’aucuns étaient un brin intéressés par ladite musique – pour elle-même, je veux dire.)

Ma foi ?

C’est loin tout ça. De l’eau a coulé sous les ponts depuis. (De l’eau, oui. Et pas qu’un peu !)

 

Et j’ai (presque) oublié La Nuit. Je l’ai laissée derrière moi. Jusqu’à récemment.

 

(« Mais alors, me direz-vous (peut-être), pourquoi nous parler de quelque chose d’inaccessible ? (du moins en la circonstance), quand nous-mêmes sommes réduits à rester à bonne distance de l’Objet en question ? Hé !

- Eh bien… Hum… Pour faire le point… avec moi-même, qui sait ? Et pour partager, tout de même. Partager, non la pièce entière, mais quelques alcôves (secrets d’alcôves ?) de ci de là, hum ? Des bribes quoi.

…Et me questionner moi-même, également. Tiens ? Comment c’est venu, cette matière sonore, en ce temps-là ? Comment j’ai bien pu procéder, en étant encore si peu, si mal équipé ? (Où est la tête, où est la queue ? en somme.)

- Quadrature du cercle ?

- Sans doute… »)

 

***

 

Voici, malgré tout, comment j’avais alors établi le programme sur l’une de mes esquisses, la première je crois :

 

1 : Ouverture. Thème pour La Nuit-15

2 : Thème pour La Nuit-17

3 : Souviens-toi de la Dame blanche (flot percussif 7)

4 : Final. Thème pour La Nuit-14

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Philippe Baudet, le 18 décembre 2023