Tout là-bas est une île... (partition Revue en 2023)
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D’un revers de ventre la Mer, balance alors toute sa masse.
Quand s'ouvre le corps noueux de la Mer-mère,
ses bras percent le jour et la nuit tout pareillement. Ses mains tressent un nid,
parfois assassin...
Dans son ventre grouillent ses enfants : les morts et les vivants... ; et ceux qui
ne verront jamais le jour (larves-repas).
Ici, germe LA MATRICE. Ou bien avorte... Quand là-haut goutte la rosée –
même en plein mois d'août ! Quand là-haut guette la pensée... Et parfois,
tremble...
La Mer, bien sûr, est mère de Baleine aussi : elle entend son cri.
Et cette mère-là, pour elle, dé-gueule soudain son herbe grasse : son gris inonde
la blouse du Démiurge. Du gris en bloc. Des blocs de gris... sous des cieux
empreints de doute, où des flots de gris, pourtant, partout flottent, lacs dans
l'azur... qui se répandent, qui s'écartèlent...
Mais sous la Voûte sont d'autres gris. Ô la Mer grise qui se déleste ! Ô trombes, raz de marée : écarlate colère ! (Le reste n'est que pose...)
Et puis, la Mer se calme... Son gris se repose enfin... Il se met au vert... Un peu
de jaune vient lécher l'herbe - zeste de citron-fraîcheur : il vire au bleu !
Du bleu en bloc. Des blocs de bleu. Façade pavée, quand la peau de la Mer
s'étire en bonace : façade pavoisée de tout petits drapeaux or et blanc ; ou
ivoire... ; telles des écailles qui s'éparpillent ; ou bien moutonnent...
Quand la Mer rêve...
Quand, être advenu, dans l'encre de la plume, sur le papier où parfois s'ancre un peu de vie... Quand c'est son tour. Les yeux ouverts. Des yeux à elle.
QUAND ELLE S'ÉLANCE VERS LE SPECTACLE !
« Au loin, là-bas, mes yeux d’horizon voient… l’horizon nouveau : un trait. »
…L'horizon bouge ; comme au désert. Il frémit...
Un air fluide ; une vibration ; quelque chose d'un mirage : tout là-bas est une île ; une presqu'île ; une péninsule ; un continent...
Terriblement éployée, une terre à lignes parallèles dans l'horizon nouveau...
………………… Ligne,
Entre deux plans,
Pans,
D'une picturàl’eaugraphie : une fantasmagorie, oui !
Saisie,
Brandie,
Lo-co-mo-ti-vée...
Menée à fond de train !
Sans gare,
Ses rails sur le miroir
- Fer croisé, regard croisé -
Où signe la lumière
Son paraphe solennel,
Cliquetis somptueux,
Des breloques : quincaillerie toc,
Plaques de verre suspendues
Qui clapotent
- Rampe sous le ciel -
Comme des lacets tendus jusqu’au fin fond des nues...
Là où les espaces s'embrasent
Quand le jour meurt...
Où des formes grelottent...
Nus-baigneurs !
Plus nus que la nudité même
Ornée de rose...
De curieux petits animaux de Dieu :
Des angelots dit-on ?...
Quand s'échappe… la poussière des hommes...