TENTATIVE DE SAUVETAGE (je dis bien "tentative")... Et hommage à notre vieux piano branlo. (Sans oublier un hommage appuyé à Apollinaire évidemment.)
Je viens de retrouver le brouillon original de : Un Oiseau chante, sur le poème d'Apollinaire. (Après je le reprendrais, et en écrirais même des orchestrations ; mais en 2012, on n'en pas là - tant s'en faut !)
Ce brouillon original, je viens de le retrouver par hasard dans ma caverne d'Ali Baba. Ce matin même.
Il date de mes tout débuts dans l'enregistrement de mes œuvrettes, soit de la mi-2012. Je n'avais alors à ma disposition que mon petit dictaphone de poche Olympus, ma voix et notre vieil ami Le Piano, faux & branlo déjà depuis longtemps, et qui le serait de plus en plus...
Qui plus est j'ai pratiqué avec ce dictaphone de poche, ce que je ne savais pas alors s'appeler du re-recording. Ne pouvant réaliser avec ce dictaphone ni coupe ni rien de cette sorte, je devais faire ce que j'avais à faire en une seule prise. Et la couche suivante aussi : en une seule prise ! (Autant dire que cela pouvait vite virer à la bouillie sonore...) Ah, au fait, les percussions sont obtenues directement en frappant avec les doigts sur le couvercle du piano. Ainsi qu'avec le pied sur le sol, pour le tempo.
Dans la foulée de sa redécouverte, je l'ai écouté évidemment ; et me suis dit qu'il valait peut-être la peine de tenter de le toiletter un brin.
Je lui ai aussi adjoint une troisième couche, mais dans des conditions optimales cette fois-ci.
Ce brouillon je l'avais amené à Pauline, en 2012. Là où elle habitait à l'époque : c'est-à-dire dans son petit théâtre des bords de Saône.
Quand je dis que je le lui avais amené, je veux dire que j'avais apporté mon little dictaphone.
On l’avait branché sur plus grand que lui, je ne sais plus comment.
Son compagnon de l'époque, Pierrick, musicien pro, ne devait pas rentrer à cet instant-là, sinon je n'aurais jamais osé lui faire écouter cette pré-bouillie (sur le plan sonore). Mais je voulais qu'elle pût se dépasser, faire fi des défauts inhérents à cette technique primaire, pour ne pas dire primitive, et qu'elle écoutât le fond des choses : le "créatif" quoi.
Mais... Voilà-t'y pas que notre Pierrick rentre inopinément ! Je deviens tout rouge : impossible d'arrêter la chose en train de s'égosiller. Merde !
Mais... Mon Pierrick prend un air pénétré : « Qu'est-ce que c'est ? C't' intéressant ça. - Ben... »
Voilà. C’était il y a onze ans et des poussières.
Ici, plutôt que de vous faire écouter une version ultérieure (plus confortable donc – a priori), je vous mets « ce témoignage de la survenue du néant, dans le champ des possibles ». Oui, parce que c’est dans ces moments-là que surviennent les idées, ou pas. Après, à moins de produire des versions complètement différentes sur un même texte (ce qui m’est arrivé aussi), on arrange, on s’arroge les lauriers, ou les fessées. Bon.
Là, on est dans le chaudron du sorcier. Dans le creuset de l’alchimiste. Pour le meilleur ou pour le pire. Et toc !
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Un oiseau chante
Un oiseau chante ne sais où
C’est je crois ton âme qui veille
Parmi tous les soldats d’un sou
Et l’oiseau charme mon oreille
Écoute il chante tendrement
Je ne sais pas sur quelle branche
Et partout il va me charmant
Nuit et jour semaine et dimanche
Mais que dire de cet oiseau
Que dire des métamorphoses
De l’âme en chant dans l’arbrisseau
Du cœur en ciel du ciel en roses
L’oiseau des soldats c’est l’amour
Et mon amour c’est une fille
La rose est moins parfaite et pour
Moi seul l’oiseau bleu s’égosille
Oiseau bleu comme le cœur bleu
De mon amour au cœur céleste
Ton chant si doux répète-le
À la mitrailleuse funeste
Qui claque à l’horizon et puis
Sont-ce les astres que l’on sème
Ainsi vont les jours et les nuits
Amour bleu comme est le cœur même
Guillaume Apollinaire