UN OISEAU CHANTE (brouillon original de 2012) : Philippe Baudet, 2012

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TENTATIVE DE SAUVETAGE (je dis bien "tentative")... Et hommage à notre vieux piano branlo. (Sans oublier un hommage appuyé à Apollinaire évidemment.)

 

Je viens de retrouver le brouillon original de : Un Oiseau chante, sur le poème d'Apollinaire. (Après je le reprendrais, et en écrirais même des orchestrations ; mais en 2012, on n'en pas là - tant s'en faut !)

 

Ce brouillon original, je viens de le retrouver par hasard dans ma caverne d'Ali Baba. Ce matin même.

 

Il date de mes tout débuts dans l'enregistrement de mes œuvrettes, soit de la mi-2012. Je n'avais alors à ma disposition que mon petit dictaphone de poche Olympus, ma voix et notre vieil ami Le Piano, faux & branlo déjà depuis longtemps, et qui le serait de plus en plus...

Qui plus est j'ai pratiqué avec ce dictaphone de poche, ce que je ne savais pas alors s'appeler du re-recording. Ne pouvant réaliser avec ce dictaphone ni coupe ni rien de cette sorte, je devais faire ce que j'avais à faire en une seule prise. Et la couche suivante aussi : en une seule prise ! (Autant dire que cela pouvait vite virer à la bouillie sonore...) Ah, au fait, les percussions sont obtenues directement en frappant avec les doigts sur le couvercle du piano. Ainsi qu'avec le pied sur le sol, pour le tempo.

 

Dans la foulée de sa redécouverte, je l'ai écouté évidemment ; et me suis dit qu'il valait peut-être la peine de tenter de le toiletter un brin.

Je lui ai aussi adjoint une troisième couche, mais dans des conditions optimales cette fois-ci.

 

Ce brouillon je l'avais amené à Pauline, en 2012. Là où elle habitait à l'époque : c'est-à-dire dans son petit théâtre des bords de Saône.

Quand je dis que je le lui avais amené, je veux dire que j'avais apporté mon little dictaphone.

On l’avait branché sur plus grand que lui, je ne sais plus comment.

Son compagnon de l'époque, Pierrick, musicien pro, ne devait pas rentrer à cet instant-là, sinon je n'aurais jamais osé lui faire écouter cette pré-bouillie (sur le plan sonore). Mais je voulais qu'elle pût se dépasser, faire fi des défauts inhérents à cette technique primaire, pour ne pas dire primitive, et qu'elle écoutât le fond des choses : le "créatif" quoi.

Mais... Voilà-t'y pas que notre Pierrick rentre inopinément ! Je deviens tout rouge : impossible d'arrêter la chose en train de s'égosiller. Merde !

Mais... Mon Pierrick prend un air pénétré : « Qu'est-ce que c'est ? C't' intéressant ça. - Ben... »

Voilà. C’était il y a onze ans et des poussières.

Ici, plutôt que de vous faire écouter une version ultérieure (plus confortable donc – a priori), je vous mets « ce témoignage de la survenue du néant, dans le champ des possibles ». Oui, parce que c’est dans ces moments-là que surviennent les idées, ou pas. Après, à moins de produire des versions complètement différentes sur un même texte (ce qui m’est arrivé aussi), on arrange, on s’arroge les lauriers, ou les fessées. Bon.

Là, on est dans le chaudron du sorcier. Dans le creuset de l’alchimiste. Pour le meilleur ou pour le pire. Et toc !


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Un oiseau chante

 

Un oiseau chante ne sais où

C’est je crois ton âme qui veille

Parmi tous les soldats d’un sou

Et l’oiseau charme mon oreille

 

Écoute il chante tendrement

Je ne sais pas sur quelle branche

Et partout il va me charmant

Nuit et jour semaine et dimanche

 

Mais que dire de cet oiseau

Que dire des métamorphoses

De l’âme en chant dans l’arbrisseau

Du cœur en ciel du ciel en roses

 

L’oiseau des soldats c’est l’amour

Et mon amour c’est une fille

La rose est moins parfaite et pour

Moi seul l’oiseau bleu s’égosille

 

Oiseau bleu comme le cœur bleu

De mon amour au cœur céleste

Ton chant si doux répète-le

À la mitrailleuse funeste

 

Qui claque à l’horizon et puis

Sont-ce les astres que l’on sème

Ainsi vont les jours et les nuits

Amour bleu comme est le cœur même

 

Guillaume Apollinaire