VIOLETTES - CUBE 1 : Philippe Baudet, 2018 + 2022

Posté

Mai 1993.

 

AFFAIRE D’ÉTERNITÉ(S)

Quand l’homme se met en armes, pour la frime ou pour la guerre, les filles vont pleurer dans les champs ; ou se mêler au lierre.

 

*

Tu sais bien que le froid

fait pleurer les violettes,

sous le givre de l’août

et pas même au printemps ;

que le ventre des femmes

se fout de tes conquêtes,

quand il lui vient la larme

qui l’alarme au beau temps.

 

Crois-moi ô toi le roi,

ce jour n’est pas de fête,

sous la lame qui joue,

comme au commencement.

Nul n’est roi aujourd’hui,

chacun pourtant s’entête,

à se prendre pour tel,

car toujours l’homme ment.

 

…Qui sait bien que le temps

flétrira les violettes,

qu’il fauchera les corps

où le cœur bat dément ;

qui sait bien que le froid

glacera la planète ;

et glacera les corps

qui palpitent en ce jour.

 

…Palpitent, palpitent, palpitent dans leur poitrine qui fait tictac, depuis le premier jour, depuis la nuit des temps et jusqu’au der des ders, oui jusqu’au dernier jour ; un diamant arraché par la force du sabre, poing levé : rapace qui passe comme un destin dressé, oiseau de nuit. Et pour toute la nuit à venir… L’éternité.

 

Alors, Homme, ton arme se brise. Tu n’es pas ce dieu Mars que tu crus être : tes pauvres historiettes sont dérisoires. Elles valent moins qu’une simple fleur : une fleur séchée dans le cœur d’un livre, un bon livre, bon comme du bon pain.

Une fleur séchée, peut-être une violette, serrée entre deux pages… Une autre éternité en somme.

 

(Philippe Baudet)

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VIOLETTES

(Musique, novembre 2009)

 

 

 

 

Je sais bien que le froid fait pleurer les violettes

Sous le givre de l’août Et pas même au printemps

Mais le ventre des femm(e)s se fout de nos conquêtes

Quand il lui vient la larm(e) qui l’alarme au beau temps

Je vois bien que le roi ce jour n’est plus en fête

Sous la lame qui joue comme au commencement

Nul n’est roi aujourd’hui Chacun pourtant s’entête

À se prendre pour tel car toujours l’homme ment

Qui sait bien que le temps fauchera les violettes

Puis taillera les corps où le cœur bat dément

 

 

 Philippe Baudet, 2009

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