CLIMATS
ACIDE
Un regain d’acide s’était mis à voltiger là, dans l’air ambiant de l’ombreux bois de feuillus et de grands pins chancelants.
Cet acide, libre poison, crissait comme un diamant sur du verre ; cet acide brûlait les lèvres des enfants-arbres et la fine argile de leur peau sombre…
De l’acide ! ... : milliards de mini-rasoirs ; milliards d’insectes aux dards ardents ; épées de gnomes ombrageux, moulinant l’espace, l’espace… d’un coup de vent !
PRÉCIPITATIONS
Ça plisse souvent et c’est sale, plein de moiteurs et chargé de poussières…
Ça coule pour que bruisse le vent dégueulasse – car chargé plus qu’un catarrheux…
Bigre ! quel épais crachat ! Quelle déconfiture ! Grasse confiture, faite des fruits du ventre de l’horloge de la terre pour que chante le vent, amoureux transi devant la-si-belle-plage-d’océan au sable de voile, en…voilée des restes odorants du bon pélagos.
Ça crisse, ça gicle !
C’est comme la pisse de Zeus…
Oui ! c’est la tempête ; l’orfraie s’y effraie, qui en perd la tête !
« Rage ô désespoir… », belle rigolade !
Nous tous, bons-vieux-clowns-aux-nez-rouges, qui claquons sous la gifle sévère de la pluie qui danse en grêle comme des balles – salves, salves, salves… ; nous, bons-gros-fruits, ou simples-baies, sus…pendus tragiques se tenant la panse, en serons pour nos frais… quand viendra l’éclaircie !
ORAGE
La foudre est en chemin qui prend à droite, à gauche ; qui vient vomir sa rage….
Roulent de loin en loin ses percussions de Strasbourg qui vrombiront bientôt…
Cracheront ses canons ! Ses coups de gueule dans la nuit en éclats qui l’embellissent… d’un quatorze-juillet bis !
La foudre est en route dans ce ciel qu’elle hérisse ; ce ciel qui la hisse, puis la lance à l’assaut du sol tendre ! Elle s’y jette à corps perdu ; elle aboie, abat, broie et brûle !
Puis, peu à peu, elle se tait ; elle s’éteint : c’est l’accalmie enfin, après la razzia, après le sac de Rome ; après la curée !
Mais, d’autres fois c’est Don Quichotte fichant son simple fer en terre. Pour rien… Ou plutôt si : pour Dulcinée !
(Philippe Baudet, automne 1995 et mois de septembre 1996)