L'AMOUR EST MORT (poème d'Apollinaire) + L'AMOUR EST MORT (variante) : Philippe Baudet, 1989 + 2021 (sur un poème d'Apollinaire)

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L’amour est mort

 

 

L’amour est mort entre tes bras

Te souviens-tu de sa rencontre

Il est mort tu la referas

Il s’en revient à ta rencontre


Encore un printemps de passé

Je songe à ce qu’il eut de tendre

Adieu saison qui finissez

Vous nous reviendrez aussi tendre

 

 

Guillaume Apollinaire 1917


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Notice. La mise en musique de ce poème mérite quelques explications.


En 2021, j'ai entrepris de feuilleter mon premier cahier de musique dans l'intention d'y cueillir des fleurs que j'avais soit totalement oubliées,

soit dont je n'avais pas suffisamment caressé les pétales.

Pas effeuillé la marguerite.


L'Amour est mort, sur un poème d'Apollinaire, fait partie de ces mélodies que j'avais laissées de côté.

Elle date de 1989 - année du bicentenaire de la Révolution française.

Ce détail n'est pas anodin ici.

Car je découvre sur ma partition une particularité : j'avais entrelardé les lignes mélodiques de L'Amour est mort, d'évocations de La Marseillaise à ma façon - c'est-à-dire sans avoir de partition de la vraie Marseillaise sous les yeux. Des motifs qui me venaient en fait, de mémoire, ou pouvant faire penser à La Marseillaise. Pouvant épouser les motifs que j'accolais au poème d'Apollinaire.

Ce pour plusieurs raisons je pense : le bicentenaire peut-être, mais surtout pour saluer la vie d'Apollinaire.


Nous sommes en 1917 lors de l'écriture de ce texte (ici, dans sa version courte - ainsi publiée -, alors qu'il existe une version très longue).

En 1917 la guerre fait rage. Apollinaire est au cœur des combats. (Il mourra l'année suivante, de la grippe espagnole - et gravement blessé à la tête.)


Il faut savoir qu'Apollinaire n'était pas né Français. Mais qu'il voulait à toute force devenir Français.

Il a fait sienne la langue française. Au point de devenir l'un des plus grands poètes de langue française.

Et pour tout dire Le Poète français du XXe siècle par excellence. C'est bien le mot : "Excellence".


Il s'est engagé volontairement pour cela, devenir enfin Français.

En tant qu'étranger, il aurait pu, comme son ami Picasso, aisément échapper au combat. Il a d'ailleurs dû "batailler dur" afin d'être incorporé dans l'armée française.

Et, ainsi, par son sang versé, il devint de plein droit Français. In extremis.


Alors pour lui, l'hymne national, le drapeau tricolore, c'était devenu d'une très grande importance.

Avant les tranchées, avant la guerre, cela ne devait pas l'être autant.

Il était tout de même Français - et quel Français ! par son art. Cet art qu'il s'était choisi : l’écriture.

Mais là, nous sommes en 1917 !

Alors...


Donc l'idée sur la partoche d'entrelarder de motifs évoquant la Marseillaise la mélodie de base - au point de devenir, peut-être, la mélodie principale ?

En 1989 je n'avais de toute façon aucun moyen de disposer de la vraie de vraie partition de ladite Marseillaise.

Mais en 2021 j'aurais très bien pu la télécharger via internet.

Ce que je me suis bien gardé de faire évidemment : cela eût défiguré ce que j'avais obtenu en 1989 !


(J'ajoute que, pour moi, La Marseillaise est avant tout un chant révolutionnaire. Un des chants de la Révolution française. Chant devenu Hymne national par confiscation et défiguré par l'extrême-droite - ce qui est un comble quand même ! Quand on sait ce qu'il en était de cette idéologie au XIXe siècle et pendant toute la première moitié du XXe siècle : "Liberté, égalité, fraternité", "droits de l’homme" ? Pour ces maurrassiens, ces nostalgiques de l'Ancien Régime ? Pour Maurras ? Pour lui la Révolution française avait contribué à instaurer le règne de l'étranger et de l'« Anti-France », qu'il définissait comme « les quatre États confédérés des Protestants, Juifs, Francs-maçons, et métèques. » Et pour Pétain kif-kif ! Cela me paraît ironique, cynique voire, cette mainmise de ces gens-là sur des symboles et emblèmes issus des Lumières ; issus de la lutte de nos aïeux ayant pris leurs fourches, leurs faux pour exiger leur droit à la vie sur terre, leurs droits en société, sans chaînes et boulets, les droits les plus élémentaires quoi. Bref, n'insistons pas davantage...)


J'ai donc repris note à note ce qu'il y avait d'écrit sur mon cahier de musique.

Et puis j'ai tenté d'orchestrer tout ça : et voilà...

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Lien vers : L'Amour est mort (première version)