LA BLEUE
Où l’horizon poudroie en photons très mobiles
S’élève tout un pan de roc inamovible
Ça tangue vers ces monts estompés au pastel
Dans ces tons flous se fondent les pâleurs du ciel
Détroussant les montagnes
Et plissent les fronces éternelles du Temps
Ces nuées de l’éther qui s’étirent, déteignent
Comme de longs cheveux que des doigts divins peignent
Quand la boule s’enroule en horloge comptant
L’instant-colimaçon
Il y a pluie Seigneur !... Ton pain mouillé de sang
Roulera pour de bon jusqu’au pied-paysan
Ira couler en or dans la bourse-bourgeoise
Et lèvera demain tel nouveau blé de phrase
Ton Verbeux-Paysage
Qui soupire quand viennent les draps de la Nuit
Répandre sous la Lune enivrée de lumière
Solaire, de la suie sur la planète fière
De sa beauté si bleue s’enfonçant dans le puits
De son périhélie
(Philippe Baudet 1994 / mai 2000)