La cinétique fuit le big bang initial
La chair naît de l’oracle… avide du spectacle !
TERRE, CORPS CÉLESTE
Son Galbe-Demoiselle
S’enjupe, cosmonef,
Et son flanc tabisé
S’émarge, sparadrap,
Dans le noir, en apnée…
Où son bleu n’en peut mais.
La boule se renverse…
Dans l’espace s’étire, hypocrite, le Temps
Épuisant son tic-tac ;
Et l’Horloge s’éclate en atomes d’autant
De matière qui tourne
Et qui tourne, planète : et c’est cela la Terre !
Son bouclier d’azur
(Sa coquille d’amour)
Lui promet de beaux jours,
Mais ses mailles-grisailles
Sont son CAU-CHE-MAR !
Parfois elle gémit sur son coussin d’ivoire,
Son blanc Pôle-d’Hiver…
D’autres fois elle se couvre de Vert-d’Été ;
Ou roussit ses déserts…
Sa Vive-Soif aspire alors à la couvrir
De franche humidité…
Et ce sont ses poumons,
En formant des halos,
Qui sont pour cet office
Les meilleurs serviteurs…
…Mais parfois sont les pires !
Il arrive que le Vent, ce méchant zélote,
Abuse et soudain vienne transformer la douche
En un raz-de-marée…
…Qui cabosse un peu le dos de madame Terre ;
Lui creuse dans la peau des sillons si amers
Qu’ils la font sangloter…
Lacs, mers, fleuves, torrents… : ses larmes sont en crue…
…Et ses joues inondées ! Tout le globe déverse
Sur sa rotondité, dans son corps transpercé,
Les fruits de ses chagrins…
Toujours l’astre déroule, en filant le Soleil,
Dans sa course ses bosses, ses crachats, ses pleurs…
TOUJOURS, TOUJOURS, TOUJOURS…
Toujours ce bel obus, dans le gel propulsé,
Trimballe ses malheurs… mais aussi ses trésors !
Dans l’enfer de silence
Du Géant-Univers où ses sœurs sont au fer ;
Où s’allument et s’éteignent les puissants Ors
Qui vont s’étreignant en des rondes endiablées,
Volutes-Mastodontes !
Elle, bulle fragile
Noyée dans l’océan
De vide ou bien de lave,
Elle imprime le temps,
Tournoyant acrobate
Qui, du bout de sa laisse,
Écume le cadran
Bien huilé de l’espace…
(Philippe Baudet, 1999)
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