La Fuite (étude a cappella de 2012 sur le poème d'Apollinaire) : Philippe Baudet, 2012 (poème d'Apollinaire)

Posté

La fuite

   

 

C'est la barque où s'enfuit une amoureuse reine

   Le vieux roi magnifique est venu près des flots ;

   Son manteau merveilleux à chaque pas égrène

   Quelque bijou tintant au rythme des sanglots.

   La chanson des rameurs sur les vagues se traîne

   La reine et son amant l'écoutent les yeux clos,

   Sans crainte d'un récif ni d'un chant de sirène

   Qui s'incantent peut-être au chœur des matelots.

   Horreur ! horreur de nous des joyaux, des squelettes

   Coulés au fond des mers où surnagèrent tant

   De fleurs, de cheveux roux et de rames flottant

   Parmi les troupes de méduses violettes.

   L'heur des fuites est sombre et violet d'effroi.

   Tant de gemmes tombaient du manteau du vieux roi.

 

 

Guillaume Apollinaire