LE TEMPS-MIROIR (2)
I
Le passé
repasse…
Une femme a mis
sur la glace
le teint de sa face…
Une jeunesse
ravaudée
par la crème…
Dans son esprit
le visage d’hier
ravivé… Ra-vi-vé !
Les yeux… La nuit les yeux clignent
comme une étoile
alors qu’elle dort
depuis longtemps
- le temps de la vitesse
de la lumière…
Quand elle est morte en fait…
Déjà !
Déjà !
Le silence… Le silence rompt
le pacte de la paix
dans le corps lisse
sous la peau froide
parmi les plis
les flétrissures…
II
Un trait de crayon noir
sur le sourcil
épilé
tandis que s’amasse
la graisse
vient dessiner
le regard noir
- faire l’œil vif !
Les tourbillons vont
autour de la folie
dans la tête aux mèches maïs…
Le rire s’égoutte - goutte-goutte-goutte -
le long d’un dentier
qui claque au bec :
« On ira dîner ! »
On verra son reflet
au fond d’une cuillère à soupe
On brillera dans le pâté de canard…
On n’entendra plus la cloche !...
Les vaches fourches plantées dans le fumier épais et noir
de leur couche – leur LIT, les chiottes ! –
ne meugleront plus…
Et dans le pré ne s’ébattront plus…
On n’entendra plus la cloche
louche,
louche,
louche…
III
Le passé repose dans le fond d’une vasque…
Le présent s’efforce lui
de faire face… Il efface
des traces dans l’eau
d’un miroir de poche
(Philippe Baudet – version chant)
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